Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, échange avec le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, sur la feuille de route de l'Afrique en matière d'action climatique.
Alors que les dirigeants mondiaux se préparent pour la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques 2023 (COP28), le président de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina, déclare que leurs délibérations doivent soutenir une nouvelle architecture de financement climatique qui donne la priorité aux besoins de l'Afrique.
M. Adesina a également exhorté les pays riches à respecter leurs engagements à fournir 100 milliards de dollars par an en financement climatique.
La COP28 se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Placé sous le thème « S'unir, agir, délivrer », la conférence constitue une étape importante pour faire le point sur les progrès accomplis dans le cadre de l'Accord de Paris et harmoniser les efforts en matière de changement climatique, y compris les mesures visant à combler les écarts de progression.
Dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques en Afrique, la Banque africaine de développement estime que le continent aura besoin d'au moins 2 800 milliards de dollars jusqu'en 2030 pour mettre en oeuvre ses engagements en matière de climat, tels qu'énoncés dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN) récemment soumises par les pays. Cependant, les flux entrants de financement climatique de l'Afrique demeurent très faibles (seulement 3 % du financement climatique mondial) et ont tendance à se concentrer sur des opérations à petite échelle, fragmentées et non coordonnées, principalement concentrées dans les pays à revenu intermédiaire.
Pour M. Adesina, des réponses urgentes à l'urgence climatique sont nécessaires à plusieurs niveaux.
« Au niveau mondial, les économies développées doivent respecter leur engagement de fournir 100 milliards de dollars par an en financement climatique. L'architecture financière climatique mondiale doit être modifiée pour donner la priorité aux besoins de l'Afrique. Au niveau national, nous devons accélérer les mesures d'adaptation au climat », a-t-il réaffirmé.
Il a indiqué que l'Afrique doit réévaluer sa richesse en prenant en compte une juste évaluation de ses abondantes ressources naturelles, y compris ses vastes forêts et tourbières qui piègent le carbone.
Les pays africains devraient volontairement envisager des initiatives respectueuses du climat « non pas parce qu'on nous enjoint de le faire, mais parce que nous devons le faire », a insisté M. Adesina.
Il a souligné un certain nombre d'initiatives clés de la Banque visant à soutenir un avenir résilient au climat et décarboné pour l'Afrique. La Banque soutient également plusieurs programmes phares pour intensifier l'action climatique et les investissements verts à travers le continent.
Elle s'est par exemple, engagée à doubler son financement climatique pour le porter à 25 milliards de dollars d'ici 2025. Elle a également lancé l'initiative « Desert to Power » de 20 milliards de dollars pour exploiter l'énergie solaire et fournir de l'électricité propre à 250 millions de personnes dans la région du Sahel. « Nous devons alimenter chaque foyer, chaque école et chaque hôpital », a déclaré M. Adesina, qui conduira une délégation du Groupe de la Banque à Dubaï.
La Banque africaine de développement travaille avec le Centre mondial pour l'adaptation afin de mobiliser 12,5 milliards de dollars supplémentaires pour galvaniser et intensifier les actions en faveur de la résilience climatique.
À la COP28, la Banque cherchera à amplifier la voix et le profil de l'Afrique sur les changements climatiques tout en renforçant les partenariats stratégiques pour une mobilisation significative de nouvelles ressources financières. Sa participation aidera à remodeler le discours mondial sur des questions clés telles que la transition énergétique, les solutions fondées sur la nature, le financement de l'adaptation, la réforme des banques multilatérales de développement, les marchés du carbone et les réparations pour pertes et dommages. Comme les années précédentes, la Banque accueillera un pavillon africain avec d'autres institutions africaines lors de la COP28 afin d'amplifier les priorités du continent.
M. Adesina et de hauts responsables de la Banque participeront à des sessions de haut niveau à cette COP28, dont un sommet des dirigeants mondiaux.