Le Conseil national de transition, qui fait officie de parlement du Tchad, a adopté ce jeudi 23 novembre la loi d'amnistie proposée par le gouvernement, par 145 votes pour, 6 contre et 2 abstentions. Ce texte couvre tous les participants - civils ou militaires, déjà poursuivis ou non - aux violences du 20 octobre 2022, ce « jeudi noir », qui a fait entre 73 (selon le gouvernement) et au moins 218 morts (selon la Ligue tchadienne des droits de l'homme). Issu de l'accord signé fin octobre à Kinshasa avec l'opposant Succès Masra, il fait débat dans le pays, et malgré ce vote large, les échanges au CNT ont été animés, mais pas forcément dans le sens attendu.
Quatre ministres étaient présents pour défendre la nécessité d'une amnistie. Ils ont souligné l'objectif du projet : la « paix, la réconciliation et la cohésion nationale ».
À la suite de la commission politique du CNT, qui avait estimé « nécessaire, l'abandon des poursuites judiciaires », les présents ont largement soutenu l'amnistie, mais en séance, plusieurs intervenants s'en sont pris à l'opposant Succès Masra, responsable, selon eux, des affrontements.
259 personnes arrêtées et condamnées par la justice, dont de nombreux membres de son parti, avaient bénéficié d'une grâce présidentielle en mars dernier.
Cette amnistie est surtout critiquée par des partis et des organisations absentes du CNT, comme la plateforme Wakit Tama et la Ligue tchadienne des droits de l'homme, qui s'inquiètent de « l'impunité » pour les militaires et leurs supplétifs ayant visé des manifestants pour la plupart pacifiques.
Le gouvernement affirme que la fin des poursuites pénales n'empêche pas les familles des victimes de demander réparation devant la justice civile. Les autorités pourraient aussi mettre en place un mécanisme d'indemnisation. Ce qui ne convainc pas les défenseurs des droits humains, qui doutent que les responsabilités soient un jour situées.