Que s'est-il passé en Sierra Léone ? C'est la question que se posent bien des observateurs, suite aux évènements survenus le 26 novembre dernier. En effet, « des individus non identifiés ont tenté de forcer l'armurerie militaire de la caserne de Wilberforce » située en plein cœur de Freetown, la capitale. C'est, du moins, ce que disent les autorités sierra-léonaises qui, dans la foulée, ont décrété un couvre-feu aux fins de permettre aux forces de sécurité, de mieux traquer les assaillants qui, au moment où nous tracions ces lignes, couraient encore les rues. Les autorités sierra-léonaises ont beau vouloir se montrer rassurantes, l'attaque de la poudrière de Wilberforce suscite tout de même des interrogations.
D'où sont venus les assaillants ? Comment ont-ils pu pénétrer la capitale sans avoir été stoppés ? Ont-ils bénéficié de complicités internes ? Quelles sont leurs motivations ? Voulaient-ils perpétrer un coup de force contre le pouvoir de Julius Maada Bio ? On se perd en conjectures , tant la situation demeure encore confuse. Pour le moins, on sait seulement que ces évènements interviennent au moment où la Sierra Leone traverse une crise politique consécutive à la présidentielle de juin dernier.
La situation, sur le terrain, reste très volatile
De là à voir un lien de cause à effet, c'est un pas que certains ont vite fait de franchir. Ils n'ont peut-être pas tort. Car, s'il est vrai qu'un accord de paix a été signé entre le pouvoir et l'opposition et ce, sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l'Union africaine (UA), en vue d'une sortie de crise, force est de reconnaître que la situation, sur le terrain, reste très volatile ; tant les protagonistes continuent de se regarder en chiens de faïence.
En tout cas, l'attaque de Wilberforce constitue un avertissement sa ns frais pour le président Maada Bio. Et tant que tous les assaillants et leurs éventuels complices n'auront pas été identifiés et arrêtés, la Sierra Leone sera continuellement en proie à des spasmes sociopolitiques. Surtout dans une Afrique de l'Ouest devenue le théâtre d'une série de coups d'Etat militaires, notamment au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. On comprend, du reste, pourquoi la CEDEAO, suite à l'incident de Freetown, n'a pas tardé à réagir en condamnant toute tentative de prise du pouvoir par les armes. Va-t-elle, dans les jours à venir, dépêcher sur place, une force militaire dans le but de contribuer à la stabilité des institutions comme elle l'a fait pour la Guinée-Bissau ? On attend de voir.