Au lendemain de l'annonce de la victoire dès le premier tour d'Andry Rajoelina à l'élection présidentielle par la Céni - des résultats qui rappelons-le doivent encore être confirmés par la Haute Cour constitutionnelle - l'association de lutte contre la corruption Transparency International pointe du doigt ce qu'elle considère comme de l'aveuglement de la part des observateurs internationaux et de la complaisance de la part de la communauté internationale tout au long de cette présidentielle. Une présidentielle qu'elle qualifie « de triomphe de la corruption, de l'argent et de la complaisance sur la démocratie », c'est le titre du communiqué.
Selon l'association de lutte contre la corruption, « un viol électoral a été orchestré et perpétré au vu et au su de tous. Mais ceux qui avaient entre leurs mains le pouvoir de l'empêcher ont choisi la complaisance et la voie de la facilité », poursuit le communiqué
Sont directement visés par ces propos, les observateurs internationaux qui, pour l'extrême majorité, ont conclu que les quelques manquements et imperfections constatés ne pouvaient remettre en cause la crédibilité de cette élection.
Interrogés, ceux qui sont à l'origine de ces rapports se justifient par la nécessité d'être prudents dans la manière de rédiger, « dans un pays où la situation sur place était au point d'ébullition », commente un chef de mission.
« Même si nous sommes témoins de fraude ou de cas de corruption, en tant qu'observateurs internationaux, vous savez qu'une seule déclaration suffit à mettre le feu. Vous avez donc un niveau de responsabilité extrême. Vous pouvez dire de plein de manières qu'il y a eu de la corruption, mais vous devez l'écrire de manière diplomatique, afin de ne pas déclencher l'incendie », souligne un autre responsable de mission électorale.
La communauté internationale est, elle aussi, largement visée par le communiqué de Transparency.
« Ils sont dans leur rôle de société civile. Il leur faut trouver des responsables à cette situation, mais ils se trompent de responsables. Qui sommes-nous, nous vazaha (étrangers blancs, en malgache), pour dire « bougez-vous ! » ? », rétorque un diplomate
Un autre diplomate affirme que la capacité d'influence des chancelleries existe, mais est surestimée.
« Ce communiqué renforce ce malentendu éternel sur l'Île, sur le fait que ce sont les partenaires extérieurs qui sont les deus ex machina de Madagascar. Mais la réalité, ce n'est pas celle-là » conclut le diplomate.
Transparency reconnaît également que ce résultat électoral est aussi celui de la faiblesse de la conscience civique collective et de la misère ambiante.
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