Dans le cadre de la journée d'étude sur «L'institution du mariage en Tunisie : moyens de soutien et de protection», organisée par le ministère de la Famille, de la Femme, de l'Enfance et des personnes âgées le jeudi 30 novembre, l'accent a été mis sur une lecture socioculturelle des étapes préalables au mariage.
Lors de son intervention sur «L'identité du couple : formation et évolution», Salah Eddine Ben Faraj, chercheur en sociologie, a souligné que le plus grand défi pour soutenir les fondements de la famille réside dans le moment de la formation du couple. Il a mis en lumière que les jeunes Tunisiens, quel que soit leur sexe, ne sont plus prêts à accepter toute forme de domination, en raison de leur ouverture à l'éducation, à l'enseignement et aux droits individuels.
L'expert a ajouté qu'il est nécessaire d'élaborer des plans au sein d'une stratégie de surveillance et de formation sur la manière de construire des relations équilibrées et ouvertes aux attentes des partenaires. Il a souligné l'importance d'ajuster les attentes préalables grâce à des mécanismes de médiation soigneusement mis en oeuvre par des spécialistes en médiation sociale, ainsi que d'éduquer les jeunes sur la manière de gérer les attentes des partenaires sur tous les plans culturel, psychologique, sexuel et procréatif. Il a insisté sur la nécessité d'enrichir les approches dans le traitement des problèmes du couple, en intégrant des approches judiciaires et en les complétant par des approches sociales et préventives avant d'atteindre les tribunaux.
Ikbal El Gharbi, chercheuse en psychologie et anthropologie, a abordé «Les critères de construction d'un mariage réussi et les normes de choix du partenaire». Elle a affirmé que l'institution du mariage est une structure déterminante pour la société humaine, et que le mariage est une relation entre deux personnes de sexes différents (homme et femme) réglementée et définie par la société. Elle a ajouté que les approches de la sociologie familiale et de la psychologie familiale ont contribué à diffuser une culture sociale, éducative et psychologique qui encourage le mariage et met l'accent sur le choix du partenaire.
Abdelwahab Charani, chercheur en sociologie, a examiné, dans son intervention «La connaissance et le choix du partenaire via les réseaux sociaux et son impact sur l'institution du mariage», l'influence de la mondialisation économique et des communications sur l'institution du mariage. Il a souligné que la société de communication a prévalu dans la vie sociale et les relations familiales en raison de la diffusion des réseaux sociaux, remplaçant les méthodes traditionnelles de mariage.
Stabilité familiale
Thouraya Belkahia, historienne et directrice générale du Centre de recherche, d'études, de documentation et d'information sur la femme, a souligné que la violence basée sur le genre est l'une des principales causes de la désintégration familiale et sociale, en raison de son impact sur les relations et sur le parcours de socialisation sain qui établit le principe d'égalité et le partage des rôles. Elle a noté que le phénomène de la désintégration familiale a des répercussions psychologiques, sécuritaires et sociales sur la structure sociale de la société.
Karima Rmiki, représentante de l'association «Nous aimons vivre avec maman et papa», a abordé dans sa présentation sur «La préparation à la vie conjugale» le concept du mariage d'un point de vue légal et selon la psychologie familiale. Elle a mis en avant les étapes de la préparation psychologique au mariage et son importance du point de vue sexuel, physique et psychologique.
Elle a considéré que la préparation psychologique repose sur trois points essentiels représentés par la responsabilité, le sacrifice et l'acceptation de la différence, soulignant que l'institution du mariage ne sera réussie que si certaines conditions sont remplies, dont la préparation psychologique des futurs époux.
Les fondements d'un mariage durable et équilibré
Mounia Rqik, juge de famille, a abordé dans son intervention sur «La désintégration familiale : ses causes et ses conséquences» les raisons menaçant la stabilité de la famille, liées à la société et aux conditions économiques et de santé des deux sexes.
Se basant sur les statistiques judiciaires, elle a exposé les conséquences de la désintégration familiale sur les enfants en danger et les enfants en conflit avec la loi, soulignant que, lors de l'année judiciaire 2020-2021, les juges de la famille ont traité 2.468 cas d'enfants en danger.
En conclusion de cette journée d'étude, Narges Amar, déléguée régionale du Bureau national de la famille et de l'aménagement du territoire et spécialiste en sexologie, a souligné les piliers fondamentaux du maintien du mariage, tels que la participation, l'admiration, la confiance, la communication et la vie sexuelle. Elle a mis en lumière les facteurs influençant la vie sexuelle tels que la composition psychologique, l'éducation sexuelle, les attentes des partenaires et les troubles sexuels des deux parties, expliquant comment faire face aux troubles sexuels vécus par les deux parties et les moyens de les prendre en charge par un médecin spécialisé en sexologie.
La ministre de la Famille lance de nouvelles initiatives
Lors de l'inauguration de la journée d'études sur «L'institution du mariage en Tunisie : moyens de soutien et de protection», la ministre de la Famille a souligné la nécessité de comprendre plusieurs problématiques auxquelles la famille tunisienne est confrontée, telles que l'augmentation des taux de divorce et la prévalence de la violence conjugale, afin de garantir la résilience et la cohésion familiales.
Dans cette perspective, elle a annoncé l'élaboration d'une deuxième stratégie sur la famille d'ici à 2035, accompagnée d'un plan d'action quinquennal. Cette initiative vise à s'attaquer aux défis actuels et à anticiper les besoins futurs des familles tunisiennes.
Parmi les axes prioritaires de cette stratégie, la ministre a souligné l'importance de former les jeunes à la vie conjugale et de renforcer l'autonomie sociale et économique des familles. Il est également prévu de cibler environ 68.000 familles dans le cadre d'un programme national d'autonomisation sociale, permettant à 2.767 familles de bénéficier de ressources économiques, contribuant ainsi à renforcer l'indépendance financière des foyers.