« Plus de 97 % des agriculteurs en Afrique ne disposent pas d'une assurance agricole. Leur seule assurance est la prière » -- M. Adesina.
Le Groupe de la Banque africaine de développement a présenté son projet de facilité d'un milliard de dollars visant à fournir une assurance contre les graves conséquences du changement climatique à plus de 40 millions d'agriculteurs à travers le continent.
Cette facilité a été largement saluée par le Programme alimentaire mondial (PAM), les agences de développement, les compagnies d'assurance et le secteur privé lors d'un événement parallèle à la COP28 à Dubaï.
M. Adesina, président de la Banque africaine de développement, a déclaré que la Facilité africaine d'assurance contre les risques climatiques pour l'adaptation (ACRIFA) vise à mobiliser un milliard de dollars de financements concessionnels, de capitaux à haut risque et de dons pour soutenir le secteur africain de l'assurance.
La facilité est conçue pour protéger les agriculteurs et les pays contre les phénomènes météorologiques catastrophiques et pour stimuler les investissements du secteur privé dans l'agriculture en atténuant les risques.
« Nous devons soutenir les agriculteurs, et non les abandonner, face à l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des phénomènes climatiques extrêmes tels que la sécheresse, les inondations et les infestations de ravageurs... Nous devons veiller à ce que les agriculteurs et les acteurs de la chaîne de valeur agricole soient couverts par une assurance à grande échelle », a déclaré le président de la Banque.
M. Adesina a indiqué que plus de 97 % des agriculteurs en Afrique n'ont pas d'assurance agricole. « Leur seule assurance est la prière... lorsqu'ils sèment, ils prient pour qu'il pleuve. Lorsqu'ils récoltent, ils prient pour qu'il n'y ait pas de pluies ou de ravageurs, et lorsqu'ils commercialisent leurs récoltes, ils prient pour que les cours ne s'effondrent pas. »
« Les yeux de plus de 40 millions de petits exploitants agricoles en Afrique sont braqués sur nous. Faisons de l'ACRIFA la réponse à leurs prières », a déclaré le président de la Banque.
M. Adesina a déclaré que l'ACRIFA « soutiendra systématiquement le secteur africain de l'assurance afin de débloquer des financements pour des investissements dans des technologies vertes et intelligentes face au climat. »
« Elle renforcera les assureurs locaux et favorisera l'intégration avec les réassureurs nationaux et internationaux », a-t-il ajouté.
Dévoilée lors du Sommet africain sur le climat qui s'est tenu à Nairobi en septembre, l'ACRIFA réunit des gouvernements, des agences de développement, le secteur des assurances et le secteur privé.
La réussite du déploiement de la facilité dépendra en grande partie de partenariats tels que le Programme alimentaire mondial pour fournir des services aux clients.
« La crise climatique affecte les communautés agricoles à travers l'Afrique. Ce programme jouera un rôle important dans la protection des petits exploitants [agricoles], des éleveurs et des petites entreprises contre les chocs climatiques », a déclaré Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial.
« Nous sommes ravis de notre partenariat croissant avec la Banque africaine de développement, qui nous permet d'offrir davantage de soutien aux gouvernements dans leur réponse à la crise climatique », a-t-elle ajouté.
Au cours de la présentation, Ibrahima Diong, secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur général de l'African Risk Capacity Group, ainsi que Bogolo Kenewendo, conseiller spécial du champion de haut niveau des Nations unies pour le changement climatique, ont déclaré que l'ACRIFA stimulera l'investissement et la résilience dans les systèmes agroalimentaires du continent.
La présentation a été suivie d'une table ronde sur la façon dont le déploiement et l'utilisation à grande échelle de solutions d'assurance de qualité liées au risque climatique peuvent renforcer la sécurité alimentaire de l'Afrique et ouvrir des débouchés commerciaux pour le secteur mondial de l'assurance. Elle était animée par Victor Oladokun, conseiller principal du président de la Banque pour la communication et l'engagement des parties prenantes.
Michelle Kigari, responsable des relations gouvernementales au One Acre Fund, a déclaré : « L'assurance est absolument essentielle pour renforcer la résilience, une résilience significative, pour les agriculteurs africains », et a ajouté : « Les agriculteurs ne sont pas en mesure de rebondir après certains chocs s'ils ne disposent pas d'un filet de sécurité, et l'assurance aide à construire ce filet de sécurité. »
Hassan Bashir, fondateur de Takaful Insurance Group of Africa et conseiller principal de l'ACRIFA, a exhorté les compagnies d'assurance à envisager de fournir une couverture d'assurance à des groupes d'agriculteurs à grande échelle. « L'Afrique est nourrie par le secteur agricole, qui est également le plus grand pourvoyeur d'emplois, mais nous le définissons comme un secteur d'activité risqué. L'agriculture n'est pas risquée -- la vie en dépend », a déclaré M. Bashir.
« Dès lors que vous disposez de données, il y a transparence, et la transparence crée la confiance. Si vous parvenez à apporter cette transparence tout au long de la chaîne de valeur, vous serez alors en mesure d'apporter la confiance, de meilleurs investisseurs et un meilleur soutien aux agriculteurs », a déclaré Kate Kallot, PDG d'Amini AI, une startup d'intelligence artificielle qui s'attaque au problème de la pénurie de données sur l'environnement en Afrique.
L'accès à des données de qualité, précises et fiables demeure un défi de taille pour de nombreux investisseurs dans tous les secteurs en Afrique, un problème soulevé par Hope Murera, directrice générale et PDG du centre de formation des assureurs Zep-Re Academy et membre du conseil d'administration d'Acre Fund : « La Zep-Re Academy accomplit sa part du travail, mais ce n'est pas suffisant. Nous avons parlé de données. Comment pouvons-nous obtenir des données afin de fixer des prix corrects ? »
« Nous sommes meilleurs ensemble », a déclaré Bridget Gainer, responsable mondiale des affaires publiques et des politiques de Aon, l'une des plus grandes sociétés de gestion des risques au monde.
« Le marché de l'assurance en Afrique est énorme. Cette Facilité réunira les principaux acteurs afin de faciliter la mise en oeuvre à grande échelle, d'établir des liens entre les acteurs et de permettre aux assurances d'atteindre un plus grand nombre de personnes parmi les plus vulnérables du continent », a déclaré Beth Dunford, vice-présidente chargée de l'Agriculture et du Développement humain et social de la Banque africaine de développement.
Alphonso Van Marsh, Banque africaine de développement, [email protected]