Aux Comores, opposition et pouvoir ont des divergences quant à l'interprétation de la loi sur le départ en congé du chef de l'État, Azali Assoumani, candidat à sa propre succession lors de l'élection présidentielle du 14 janvier prochain. Hier, la section constitutionnelle et électorale de la Cour suprême a tranché. Selon elle, le président Azali Assoumani n'a pas à prendre congé, notamment parce que son mandat à l'Union africaine prime sur son mandat présidentiel. L'opposition, elle, crie au scandale.
Pour le pouvoir, en plus de la présidence de l'Union africaine, la période de congé était prévue par la Constitution, mais dans ses dispositions provisoires pour s'appliquer aux seules élections de 2019.
Aujourd'hui, ce n'est plus d'actualité selon Hamada Madi Boléro, conseiller diplomatique d'Azali Assoumani. « Ce n'est pas une disposition constitutionnelle comme celle qui dit que le président nomme un gouvernement. Ça ce n'est pas transitoire. Peut-être que les Comoriens auraient voulu que le président prenne congé et si c'est le cas d'ailleurs ça ne devrait pas être un congé. On devrait carrément dire que le mandat, il est de cinq ans, mais il se termine six mois avant si le président est candidat ; s'il n'est pas candidat, il termine son mandat. Voilà le terme qui aurait été le mieux ».
Pour l'opposition, aussi bien la forme que le fond de la requête du secrétaire général du gouvernement demandant le maintien d'Azali Assoumani durant la campagne, sont illégitimes.
« Dans aucun article de notre Constitution, il n'est prévu que le secrétaire général du gouvernement ou toute autre autorité du pouvoir exécutif puisse saisir cette cour en pareille circonstance, nous explique Daoud Halifa, mandataire et porte-parole de Bourhane Hamidou, candidat indépendant à la présidentielle. La réalité est qu'Azali est en difficulté, il ne veut pas organiser des élections. Ce que ne comprend pas Azali, c'est le problème des Comores et que son départ serait la solution. Et ça, il faut qu'il le comprenne ».
Selon Daoudou Abdallah Mohamed, autre candidat à la présidentielle, les cinq adversaires d'Azali ont prévu une démarche commune pour contrer cette décision de la cour.