Il faut que la vie devienne impossible à Gaza. Après avoir détruit quasiment tout le nord de la bande, et sommé la population de se déplacer vers le sud, dit « lieu sûr », voilà que les chefs de guerre israéliens étendent leurs opérations sur l'ensemble de l'enclave.
Immédiatement après l'expiration de la trêve, Israël a repris ses bombardements massifs, faisant des dizaines de morts et de blessés. Depuis le début de la guerre, le 7 octobre, ce sont plus de 15 000 Palestiniens tués, et plus de 41 000 blessés. Le bilan est appelé à s'aggraver compte tenu du rythme des frappes, de leur intensité et de la quantité de quartiers résidentiels entièrement rasés partout à Gaza.
Pris dans une souricière, les survivants ont le choix entre mourir ou partir...Or, il y a comme un air de déjà-vu. En 1948, avec la création de l'Etat juif sur les terres et sur les cadavres, près d'un million de Palestiniens ont été forcés à l'exode. C'était la «Nakba», la «catastrophe». En 1967, à l'issue d'une autre guerre, connue sous le nom de Naksa, entre 280 000 à 325 000 Palestiniens ont fui la guerre ou ont été expulsés de force de Cisjordanie et de Gaza vers les pays voisins.
En 2023, Israël joue son remake avec ses alliés occidentaux qui se partagent les rôles. Les uns condamnent, les autres négocient. C'est un euphémisme, plutôt font pression sur les pays limitrophes, pour les forcer à recevoir chacun une « portion » de Palestiniens, malgré les mises en garde du président turc, Recep Tayyip Erdogan, du roi de Jordanie Abdallah II et du président égyptien Abdel Fatah Sissi qui ne cesse, lui, de marteler face aux dirigeants occidentaux qui lui rendent maintenant fréquemment visite ; « les habitants de Gaza doivent rester sur leur terre ».
Pendant ce temps, Israël est en train de vider Gaza, mais également, et c'est la finalité ultime de cette guerre, d'enterrer la solution à deux Etats. Quelques semaines avant l'attaque du Hamas du 7 octobre, Benjamin Netanyahu avait déclaré à l'ONU que la solution à deux États appartient désormais au passé. En revanche, la perspective d'une normalisation des relations d'Israël avec les États arabes ne serait pas, selon lui, de refus. Fidèles à leur méthode, les Israéliens ont toujours, de tout temps, demandé aux autres des concessions, contre rien en échange.