Afrique: Adaptation climatique - Les négociateurs africains pour des engagements plus précis et plus qualitatifs

Collins Nzovu qui est également ministre zambien de l’Economie Verte.
12 Décembre 2023

Collins Nzovu, Président du Groupe de Négociateurs africains en matière de changement climatique de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc - AGN), a estimé mardi que la question clé pour l'Afrique s'inscrit dans l'obtention des résultats tangibles en ce qui concerne l'Objectif mondial d'adaptation (GGA) comme principale revendication du continent.

Alors que les négociations sur le climat arrivent à un point crucial lors de l'avant-dernière journée de la Cop 28, plusieurs options sont encore sur la table mais sans résultats palpables en ce qui concerne les attentes des pays africains lors de ce sommet mondial qui se tient  à Dubaï aux Emirats arabes unies.

« Nous n'allons pas endosser les résolutions finales tant que les revendications de l'Afrique ne sont pas satisfaites (...) La première préoccupation concerne les avancées dans la mise en application des Objectifs mondiaux d'adaptation », a déclaré Collins Nzovu qui est également ministre zambien de l'Economie Verte.

L'Objectif mondial d'adaptation (OMA) a été établi par l'Accord de Paris de 2015, en réponse aux appels des pays en développement à intensifier les mesures d'adaptation.

De nombreuses Parties s'attendaient à ce que les travaux découlant de l'Accord de Paris permettent la mise en application de l'OMA, mais les progrès ont été lents jusqu'à la COP 26 de 2021. Date à laquelle le programme de travail Glasgow-Sharm el-Sheick (Egypte) sur l'OMA a été mis en place.

Les experts estiment que des efforts proposés sont loin d'être à la hauteur pour contenir la hausse moyenne des températures mondiales en dessous de 1,5 °C, l'objectif fixé par l'accord de Paris en 2015.

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Combustibles fossiles, pomme de discorde

Le groupe Afrique affirme que si l'on veut réellement sauver des vies humaines, améliorer les moyens de subsistance et la protection des écosystèmes, il y a un besoin pressant de définir un plan ambitieux assorti d'échéances, assorti d'objectifs clairs et les moyens d'appui à sa mise en œuvre.

« L'accord de Paris prévoit un équilibre entre les financements octroyés pour réduire les émissions mondiales et aider les pays à faire face aux chocs climatiques. Mais ces  objectifs doivent être plus précis et plus qualitatifs afin que nous puissions évaluer les progrès accomplis », a déclaré Nzovu.

Selon lui, l'Afrique ne peut accepter un cadre sans moyens mis en œuvre par les pays développés, en faveur des pays en développement, en particulier en ce qui concerne les objectifs fixés.

Alors que les négociations à la Conférence des Nations Unies sur le climat à Dubaï entrent dans la dernière ligne droite, les négociateurs sont engagés dans d'intenses discussions afin de parvenir à un accord sur les principaux points de l'ordre du jour.

Il s'agit notamment de l'avenir de l'utilisation des combustibles fossiles, l'augmentation des énergies renouvelables, le renforcement de la résilience au changement climatique et la garantie d'un soutien financier pour les pays vulnérables.

Dans un point de presse mardi, le chef du groupe des négociateurs africains a estimé que la COP 28 doit inscrire le développement durable et l'éradication de la pauvreté en Afrique comme impératifs conformément à l'Agenda 2063 qui veut réaliser l'objectif « L'Afrique que Nous voulons ».

Limitation des émissions de gaz à effet de serre

D'après Nzovu, il s'avère indispensable pour l'Afrique d'exploiter ses potentialités de ressources naturelles et d'énergie renouvelable et parvenir à un accès universel à l'énergie conformément aux objectifs de développement durable.

Les données scientifiques montrent que le continent ne contribue qu'à hauteur de 3 % au total des émissions mondiales de Gaz à effet de serre (GES).

Les estimations officielles montrent, par ailleurs, que le continent est le moins électrifié. Plus de 50% des pays d'Afrique subsaharienne ont accès à l'électricité inférieurs à 50 %, tandis que 600 millions de personnes n'y ont pas accès.

Alors que cet intrant est essentielle à la fourniture des services de base, y compris les soins de santé primaires, l'eau potable, l'éducation subsistance.

Le Sixième rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur le changement climatique (Giec) a indiqué que plus de 900 millions de personnes en Afrique ne disposent pas d'une technologie de cuisson propre. Beaucoup d'entre eux utilisent encore la biomasse et les excréments d'animaux la cuisson.

Ce qui entraîne de nombreux problèmes de santé, en particulier pour les femmes et les enfants. L'éradication de la pauvreté et l'accès à l'éducation et à l'énergie moderne est une priorité pour le continent, souligne le rapport des experts.

Les projections de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), montrent que le continent a besoin de 2 000 milliards de dollars comme investissement dans la production industrielle, le transport et la distribution technologies énergétiques novatrices et des technologies des systèmes de distribution pour répondre aux besoins énergétiques croissants.

Commentant ces besoins, M. Nzovu a réitéré la position de l'Afrique pour que le curseur du réchauffement toléré soit ramené de 2 °C à 1,5 °C.

Pour limiter le réchauffement climatique à environ 1,5 °C, le rapport du GIEC insiste sur le fait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient culminer « avant 2025 au plus tard » et être réduites « de 43% d'ici 2030 ».

« Cela devrait être basé sur des voies permettant aux pays africains de combler le déficit d'approvisionnement », a souligné Nzovu.

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