Le gouvernement français abroge le décret d'extradition de François Compaoré. Le frère de l'ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, est accusé du meurtre du journaliste Norbert Zongo en 1998. La justice de son pays le réclamait, mais alors que Paris avait dans un premier temps accepté de le renvoyer vers Ouagadougou, les autorités françaises reviennent sur cette décision, suite à une décision de la Cour européenne des droits de l'homme.
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) estimait que François Compaoré encourait un risque de violation de ses droits fondamentaux s'il était renvoyé vers Ouagadougou. Elle citait l'article 3 de la Convention européenne des Droits de l'Homme interdisant la torture, ainsi que des peines ou des traitements inhumains ou dégradants. Le gouvernement français dit faire suite à cette décision, et le décret d'abrogation a été signé le 13 décembre par la première ministre, Elisabeth Borne.
« Le contexte a changé » à Ouagadougou, a expliqué, selon l'Agence France-Presse, le président de la Chambre des extraditions de la Cour d'appel de Paris, lors d'une audience hier sur la levée du contrôle judiciaire qui pèse sur François Compaoré depuis 2017, référence claire au double coup d'État de 2022 dans le pays.
Très influent durant les 27 années de présidence de son frère, François Compaoré est poursuivi pour l'assassinat du journaliste d'investigation Norbert Zongo et de trois hommes qui l'accompagnaient, le 13 décembre 1998. Il avait été arrêté en 2017 à l'aéroport de Paris-Roissy, en exécution d'un mandat d'arrêt international lancé par la justice du Burkina. Malgré plusieurs recours, son extradition avait été autorisée en 2020 par le gouvernement français, qui est donc revenu sur sa décision en s'alignant sur l'arrêt de la CEDH.