Les représentants de 120 pays sont réunis jusqu'au 20 janvier en Ouganda, pour le 19e sommet du Mouvement des non-alignés qui continuent à revendiquer leur indépendance ainsi que leur solidarité vis-à-vis des crises internationales, dont la dernière en date est la guerre à Gaza.
C'est le plus grand rassemblement des dirigeants mondiaux à Kampala depuis plus d'une décennie après la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth en 2007. Les autorités ougandaises n'ont pas lésiné sur les moyens pour accueillir les plus de 15 000 délégués et 28 chefs d'État, dont les dirigeants de la Tanzanie, du Rwanda ou encore du Kenya, qui commenceront à arriver à partir de mercredi. La sécurité a été renforcée dans la capitale sur les grands axes routiers, les ronds-points et des routes ont été réparés et décorés de fleurs. Des efforts qui serviront également lors de l'accueil du sommet des pays du Sud avec la Chine, qui se tiendra samedi dans la foulée de celui du Mouvement des non-alignés.
C'est un coup d'éclat assuré pour le président Yoweri Museveni, estime l'analyste Timothy Kalyegira. « Tenir deux sommets dans la même semaine est un exploit », estime-t-il. Une bouffée d'oxygène bienvenue pour le chef d'État, sous le feu des critiques pour sa loi anti-LGBT et pointé du doigt pour son bilan des droits humains. « Ces deux sommets permettent à Museveni de défier l'Occident », explique Emmanuel Mutaizibwa, rédacteur en chef au sein du Nation Media Group. « Il envoie un message clair au monde : la Chine et les pays du Mouvement non-alignés le soutiennent malgré sa politique ».
Reconnaissance palestinienne envers l'action judiciaire sud-africaine
Comme en 2019, lors du dernier sommet en Azerbaïdjan, la question palestinienne s'est invitée dans les échanges. Riyad Mansour, représentant permanent de la Palestine auprès des Nations unies, a exhorté le Mouvement des non-alignés à soutenir le droit à l'autodétermination du peuple palestinien : « Nous aurons besoin du soutien de notre mouvement après en avoir terminé avec cette agression afin de nous aider à mettre fin à l'occupation et à obtenir les droits inaliénables du peuple palestinien, y compris le droit à l'indépendance et le droit au retour des réfugiés. »
Riyad Mansour a également exprimé sa reconnaissance envers l'Afrique du Sud pour sa plainte déposée contre Israël à la Haye et a demandé au mouvement de ne pas « oublier » la population palestinienne. Pays hôte, l'Ouganda est l'un des rares pays africains à avoir un juge à la Cour internationale de justice qui décidera si elle donne suite à la requête de Pretoria.
Indépendances alimentaire et énergétique
Dans son discours d'ouverture, le ministre ougandais des Affaires étrangères, le général Jeje Odong, avait au préalable souligné l'importance de collaborer pour faire face aux défis touchant les pays du Sud. Il y a d'abord la question du commerce. De nombreux pays africains subissent encore les conséquences de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de fortes fluctuations des prix alimentaires qu'elle a provoquées. Les experts estiment que le mouvement devrait défendre une meilleure souveraineté alimentaire des 120 pays.
Ils plaident également pour une indépendance énergétique afin de faire baisser les coûts de production et ainsi rendre les pays du Sud plus compétitifs. Une manière, selon eux, de réduire la dépendance des pays du Sud aux importations et alléger leur dette.