C'est un document exclusif obtenu par RFI. Intitulé « Agenda de suivi de l'accord-cadre », il lève le voile sur les points de discussion entre le Somaliland et l'Éthiopie. Au début du mois, Hargeisa et Addis Abéba ont signé un accord-cadre prévoyant l'ouverture d'une base navale et d'un port éthiopiens sur la côte du Somaliland.
Un accord largement secret dont la nouvelle a entraîné une grave crise diplomatique dans la région, le Somaliland étant une république qui s'est autoproclamée indépendante de la Somalie. Le territoire espère qu'en échange de ces infrastructures, l'Éthiopie le reconnaîtra comme pays indépendant. Le document liste les points qu'Hargeisa veut négocier avant qu'un accord final soit conclu.
Premier point-clé, les 20km de territoire et d'accès à la mer que le Somaliland doit louer à l'Éthiopie. Quelle zone exacte ? Quelles activités et types de bateaux seront autorisés ? Hargeisa demande une définition claire de ce qui sera permis, des denrées échangées, avec un cadre commun pour gérer la douane, les tarifs, la sécurité de la zone à terre et en mer, la circulation du personnel et les restrictions notamment pour les militaires éthiopiens.
En effet, concernant la base navale, le Somaliland veut précisément encadrer les activités de l'armée du grand voisin. Et Hargeisa insiste : le site doit avoir pour unique but de « fournir un soutien logistique et un approvisionnement en carburant pour la marine éthiopienne. Aucune capacité offensive ou opération militaire de grande envergure ne seront permises », indique le texte. Le territoire veut aussi des protocoles pour sécuriser la zone, et des détails sur le nombre de soldats ainsi que le type de personnel autorisé.
Quant à sa reconnaissance comme état indépendant, un point quasi existentiel, le Somaliland veut savoir si elle sera « de fait » ou « de droit », c'est-à-dire contenue dans un acte juridique. Le texte demande aussi une définition précise du processus de formalisation et un calendrier clair de son application. Un chapitre qui confirme donc que pour l'instant, l'Éthiopie n'a pas encore reconnu son voisin. S'ajoute à cela une vaste stratégie de communication pour que la population soutienne l'accord, mais aussi pour anticiper les inquiétudes des voisins.