Le Nigeria et le Cameroun s'affrontent ce samedi 27 janvier dans un remake de la finale de la CAN 1984 qui se déroulait déjà en Côte d'Ivoire. Depuis les deux équipes se sont affrontées à maintes reprises mais, cette fois, elles jouent leur place en quart de finale après un premier tour qu'elles ont été loin de survoler.
Le stade Félix Houphoüet-Boigny d'Abidjan, le Félicia pour les intimes, devrait rappeler de bons souvenirs aux supporters des Lions indomptables. C'est à cet endroit même, le 18 mars 1984, que le Cameroun a remporté la première de ses cinq Coupe d'Afrique des nations en dominant largement le Nigeria 3-1.
« C'était un match qui était prévisible non pas de par son résultat, mais de par sa qualité car le Nigeria était champion d'Afrique 80 et le Cameroun était un mondialiste de 82 donc les deux équipes avaient des références. Il y avait de quoi prévoir un grand match », se souvient Joseph-Antoine Bell, le gardien légendaire des Lions indomptables qui gardait les buts du Cameroun à cette époque.
Même lieu, même affiche
Quarante ans plus tard, l'histoire semble presque se répéter. Les deux équipes vont s'affronter dans le même stade, à ceci près que l'enjeu est cette fois une place en quart de finale et que les derniers résultats des deux équipes plaident nettement moins en leur faveur. Le Cameroun est passé à deux doigts de l'élimination face à la Gambie lors de son dernier match de poule, tandis que le Nigeria, invaincu dans cette CAN, a eu du mal à rassurer sur son potentiel offensif, n'inscrivant que trois buts, malgré la présence dans ses rangs du meilleur joueur africain de 2023, Victor Osimhen.
En quarante ans, les matchs Nigeria-Cameroun sont devenus des grands classiques de l'histoire de la CAN entre deux pays voisins qui font quasiment figure de meilleurs ennemis dans le tournoi. Le Cameroun a remporté trois de ses cinq titres en finale face au Nigeria (1984, 1988, 2000) mais les Lions indomptables n'ont plus gagné dans la compétition contre les Super Eagles depuis 2000 lors de la finale de Lagos perdue aux tirs aux buts. En 2004, les Camerounais se sont de nouveaux inclinés 2-1 en quart de finale puis une nouvelle fois en huitièmes en 2019 (3-2).
Le poids de l'histoire
Les rencontres entre les deux équipes sont donc à chaque fois à fort enjeu et sont entrées dans la légende de la compétition. En conférence de presse, l'attaquant Nigérian Moses Simon disait ne pas réellement ressentir le poids de l'histoire avant ce match. « On ne regarde pas vraiment vers le passé. Tout ce dont on a besoin, c'est de gagner », a-t-il affirmé. Pragmatique, son sélectionneur José Peseiro a lui aussi préféré mettre de côté l'aspect historique de la confrontation concédant simplement qu'il ne comptait pas laisser le scénario du 18 mars 1984 se répéter. « Je veux qu'on marque au moins un but demain (ce samedi, NDLR) et ne pas en prendre. Si on fait ça, on gagnera », a-t-il expliqué lors d'une démonstration mathématique des plus élémentaires.
Côté camerounais, la confiance n'était pas au beau fixe lors de cette phase de poule, mais la victoire et la qualification, arrachées à la Gambie dans les cinq dernières minutes, a fait du bien au mental. « À ce moment de la compétition, il n'y a plus à chercher la bonne formule. Je n'ai plus le droit au calcul. Il faut juste corriger ce qui n'a pas marché au dernier match », a expliqué le sélectionneur des Lions indomptables qui ne compte visiblement pas chambouler son équipe.
« Une autre génération »
Capitaine du Cameroun lors de la victoire de 2000, Rigobert Song, qui avait sept ans lors du sacre camerounais de 1984, a quand même tenu à relativiser le poids de l'histoire sur cette rencontre rappelant que les joueurs composant aujourd'hui les deux équipes font partie « d'une autre génération ». En somme, pour le sélectionneur des Lions le passé fait partie du passé, même s'il a toutefois admis qu'il fallait « assumer l'histoire du Cameroun et assurer sa continuité ».
« Maintenant, il s'agit de la mémoire des uns et des autres. La question c'est : qu'est-ce qu'on a gardé du passé et comment on l'utilise ? C'est cela qui va contribuer à faire la différence », assure Joseph-Antoine Bell. Une chose reste certaine, en quarante ans, les affrontements entre le Nigeria et le Cameroun à la CAN n'ont jamais déçu, reste à voir si l'affiche de ce samedi tiendra les mêmes promesses.