L'actualité nationale a été marquée, la semaine dernière, par la tenue du Salon international du coton et du textile (SICOT). Troisième du genre, l'évènement s'est déroulé, les 26 et 27 janvier 2024, à Koudougou.
Le thème retenu était : « La transformation locale du coton : quels modèles d'industrialisation pour l'Afrique dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ?». La manifestation a connu la présence du chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré. A l'occasion, le Président Traoré a réitéré son « engagement à soutenir et à accompagner toute initiative impliquant l'ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du coton et visant la transformation locale du coton au Burkina Faso et partout en Afrique ». Le SICOT 2024 intervient à un moment où des initiatives visant à promouvoir le pagne traditionnel, le Faso Danfani, sont légions.
En guise d'illustration, la récente décision à l'université de remplacer les toges habituelles fabriquées à base de tissus importés par celles confectionnées à base du Faso Danfani. La cérémonie de lancement de la nouvelle toge unique des institutions d'enseignement supérieur en Faso Danfani a eu, le 28 novembre 2023, à l'université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou.
Avant cela, il y a eu la mesure gouvernementale de faire porter le Faso Danfani par les scolaires. En effet, le gouvernement burkinabè a décidé, le 9 juin 2023, en Conseil des ministres, du port du Faso Danfani, dans tous les établissements publics et privés d'enseignement post-primaire et secondaire de certaines communes urbaines.
Il ressort que la mesure se veut non contraignante et progressive. Elle devrait être effective à partir de la rentrée scolaire 2023-2024. Pour un début, quatre communes pilotes sont concernées. Il s'agit des communes urbaines de Koudougou, de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou, ainsi que la commune rurale de Sabou.
A travers cette mesure, le gouvernement entend ainsi cultiver le port du pagne traditionnel dès le bas-âge. Il veut aussi favoriser la production et la consommation des tissus locaux en vue d'un développement endogène du Burkina Faso. Quoi de plus normal que les Burkinabè, dans leur majorité, aient salué la décision gouvernementale.
Il n'y a pratiquement pas eu de contestations, du moins ouvertes. Cependant, quatre mois après l'entrée en vigueur de la mesure, le constat est interpellateur. Tandis que certains établissements l'ont appliquée, d'autres trainent encore les pas. Les arguments pour expliquer la lenteur d'application ne manquent pas. Ceux des arguments qui reviennent le plus souvent sont relatifs à la disponibilité et à l'accessibilité du pagne.
Au sujet du coût, il faut reconnaitre que pour certains parents d'élèves aux revenus modestes, le port du Faso Danfani, de surcroit par un élève, peut être considéré comme un luxe, si tant est que les prix du Faso Danfani, le vrai, demeurent ce que l'on connait. Pour remédier à cette réalité, certains responsables d'établissements scolaires ont développé des initiatives.
Celles-ci visent à permettre aux parents d'élèves de pouvoir mettre à la disposition de leurs enfants la tenue Faso Danfani. C'est le cas d'une école à Bobo-Dioulasso où le promoteur déclare avoir subventionné les pagnes à hauteur de 1000 F CFA l'unité pour les premiers élèves désireux. Toute chose ayant permis à bon nombre d'élèves d'acquérir la tenue et de l'arborer chaque lundi, comme le stipule le texte de mise en application.
De son côté, le Président de la délégation spéciale (PDS) de Sabou, dans la région du Centre-Ouest, dit avoir eu recours à un appel à don qui a permis d'avoir plus de 300 pagnes Faso Danfani, à plus d'un million et demi de francs CFA, au profit d'élèves déplacés internes, d'élèves orphelins et autres élèves vulnérables. Il s'agit là d'initiatives qui peuvent être dupliquées dans bien d'autres écoles, afin de pallier les difficultés d'accès au pagne Faso Danfani au profit des élèves. En tous les cas, si l'on veut que le port du pagne traditionnel tissé « made in Burkina Faso » se généralise dans les établissements scolaires, il convient de continuer la promotion et la sensibilisation, tout en ajoutant des initiatives dans ce sens.