Le 6 février 2019, le gouvernement centrafricain signait un accord avec 14 groupes armés. La situation sécuritaire semble s'être améliorée depuis.
Cet accord, scellé à Khartoum sous l'égide de la Russie le 6 février 2019, avec l'Union Africaine et l'Onu comme garantes et facilitatrices, prévoyait notamment le désarmement et la dissolution des groupes armés, le rapatriement des étrangers et la réconciliation en Centrafrique.
Cet accord a depuis permis à certains leaders de groupes armés d'entrer au gouvernement. Cinq groupes armés se sont auto-dissout, mais d'autres se sont radicalisés en signant l'accord de Kamba-Kota qui a créé la Coalition des Patriotes pour le changement, la CPC, avec l'ancien président François Bozizé.
Le gouvernement se félicite
Marcel Djimassé, ministre de la Fonction publique et membre du comité de suivi de l'accord et de la feuille de route de Luanda, note pourtant des avancées significatives.
Selon lui, "l'autorité de l'Etat commence à retrouver sa place parce que si on n'avait pas cet accord de paix, sans doute que tout le travail qu'on a fait au niveau de l'administration publique n'aurait pas pu être fait. Il suffit de remonter en arrière pour voir les difficultés qu'on avait même à être présent comme ça pour des gens qui étaient déjà sur place".
Certains signataires sont restés loyaux à l'accord, d'autres l'ont dénoncé en ralliant la CPC. C'est le cas des Antibalaka, de l'UPC et des 3R.
Igor Lamaka, leader Antibalaka et porte-parole des groupes armés signataires de l'accord du 6 février, estime que "c'est un marché de dupes parce que nous reprochons à l'APPR les dysfonctionnements des textes. Nous avons constaté beaucoup de cas de détournement d'argent dans le cadre de l'APPR mis en place par la communauté internationale pour ramener la paix. Ce n'est pas de cette manière qu'on va ramener la paix en République Centrafricaine".
Certains Centrafricains se réjouissent d'une baisse de l'insécurité, d'autres déplorent l'impunité dont jouissent certains leaders des groupes armés désormais acquis à la cause du gouvernement.
La situation sécuritaire s'est améliorée
Sur le plan humanitaire, l'amélioration de la situation sécuritaire entraîne la baisse des besoins estimés pour l'année 2024. Tobias Schuldt, chef de bureau de la coordination de l'action humanitaire en Centrafrique, note que "la réduction des besoins humanitaires en Centrafrique est en grande partie des conditions de sécurité dans certaines régions du pays. Le nombre de chocs auxquels la population fait face et les affrontements entre les parties en conflit ont baissé à environ 25% en 2023 par rapport à l'année 2022. En conséquence, on a vu aussi une diminution du nombre de personnes déplacées dû aux violences. L'efficacité de la réponse humanitaire et la résilience communautaire ont aussi joué un rôle important. Aujourd'hui, là où on fournit la réponse humanitaire dans certaines zones, la population est beaucoup plus capable de faire face aux crises".
Cinq ans après l'accord de paix, des poches d'insécurité persistent. Dans la lutte contre les groupes rebelles dans la Vakaga, par exemple, l'armée a appelé les groupes qu'elle combat à entendre raison et à déposer les armes.