Lors d'un entretien avec la presse sénégalaise, le président Macky Sall n'a pas fixé de date officielle pour la présidentielle, dont il avait décrété le report. Dans le même temps, il a assuré que son mandat à la tête du pays se terminerait comme prévu le 2 avril, en indiquant qu'il était peu probable que le nom de son successeur soit connu avant cette date.
Il s'agissait d'une allocution très attendue. Alors que le Sénégal était suspendu à la parole du chef de l'État sur la présidentielle, ce dernier a laissé en suspens la date de la présidentielle, initialement prévue le 25 février prochain. Il a cependant affirmé qu'elle sera donnée à l'issue d'un dialogue de deux jours avec l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile du pays, qui aura lieu lundi et mardi prochain, les 26 et 27 février. Macky Sall a appelé ses compatriotes à être patients. « La date ne peut être fixée tant qu'on n'a pas les arguments des uns des autres », a-t-il justifié. En dernier ressort, ce sera au Conseil constitutionnel de se prononcer.
« Je ne veux pas être l'objet d'une polémique stérile par rapport à des ambitions qui ne sont pas les miennes », a-t-il cependant prévenu. « Le 2 avril, ma mission se termine à la tête du Sénégal », a ajouté le président. Toutefois, « l'élection peut se tenir avant ou après le 2 avril », a-t-il ajouté. Interrogé sur l'éventualité qu'elle se tienne d'ici au 2 avril, il a répondu : « Je ne le pense pas. »
Déjà, lors d'un Conseil des ministres mercredi soir, le président sénégalais avait demandé à ce que toutes les dispositions soient prises « pour une bonne organisation de l'élection présidentielle ». « À une date qui sera fixée très prochainement », a-t-il dit, après des consultations avec les acteurs politiques et les responsables de la société civile.
Difficile de savoir si les échanges démarrés la semaine dernière sont terminés, car rien n'a filtré officiellement des discussions qu'il aurait menées, rapporte notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff. Seule certitude : l'impatience commence à se faire sentir. Seize des 19 candidats ont dénoncé mercredi une « lenteur inexplicable » dans l'organisation de cette présidentielle.
La présidence accusée de « traîner les pieds »
Pour ce qui est des concertations, la majorité des candidats dans la course, tout comme les principaux acteurs de la société civile, ont déjà expliqué que les discussions doivent uniquement servir à se mettre d'accord sur une date, pour obtenir un scrutin avant le 2 avril et la fin officielle du mandat du président Macky Sall. Par exemple le camp de l'opposant Bassirou Diomaye Faye, remplaçant d'Ousmane Sonko à la présidentielle, a accusé mercredi soir le président de « traîner les pieds ». Il n'acceptera de discuter que pour fixer « sans délai » la date de la présidentielle, a-t-il prévenu dans un communiqué.
Ce report de l'élection présidentielle, dénoncé comme un « coup d'État constitutionnel » par l'opposition, a provoqué une commotion dans l'opinion et des manifestations qui ont fait quatre morts. Le Conseil constitutionnel a d'ailleurs opposé la semaine dernière son veto à cet ajournement et a demandé aux autorités de l'organiser « dans les meilleurs délais ».
Malgré les spéculations sur la tentation d'un passage en force, le président Sall avait dit le lendemain son intention de respecter la décision du Conseil et de mener « sans tarder les consultations nécessaires » à l'organisation du scrutin.