Guinée: Appel à la grève générale illimitée - Doumbouya descendra-t-il de son piédestal ?

Conakry, la capitale de la Guinée.
25 Février 2024
analyse

La Guinée va-t-elle à vau-l'eau ? Telle est la question que bien des observateurs se posent mais à laquelle seul le président de la Transition, Mamady Doumbouya, est habilité à répondre. En effet, alors que le pays est sans gouvernement et ce, depuis la dissolution, il y a bientôt une semaine, de l'équipe dirigée par le désormais ex-Premier ministre Bernard Goumou, l'on assiste à un véritable bras de fer entre le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD) et les centrales syndicales.

Après plusieurs alertes et mises en garde auxquelles Doumbouya et ses frères d'armes sont restés sourds, s'ils ne raidissent pas la nuque, les syndicats ont appelé à une « grève générale illimitée» et ce, à compter du 26 février 2024. Ils exigent, entre autres, la levée des restrictions d'accès à l'internet, l'arrêt des brouillages des ondes des médias audiovisuels, le respect des protocoles d'accords signés en faveur des contractuels de l'éducation et la baisse des prix des denrées alimentaires.

Le maître de Conakry va-t-il descendre de son piédestal pour prêter une oreille attentive au mouvement syndical ? Rien n'est moins sûr ? Car, voilà un président qui, à son arrivée au pouvoir, avait été acclamé par toutes les couches socioprofessionnelles de son pays pour avoir mis fin aux dérives d'Alpha Condé mais qui, au fil du temps, s'est mué en un tyran hors pair.

Mamady Doumbouya ferait mieux de mettre de l'eau dans son vin

On se rappelle, en effet, que quelques mois seulement après sa prise du pouvoir dans les conditions que l'on sait, Doumbouya n'avait pas hésité à dissoudre le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), du nom de cette plateforme qui regroupe à la fois des partis politiques, des syndicats et des Organisations de la société (OSC), qui a croisé le fer sous le magistère d'Alpha Condé qui, après ses deux mandats constitutionnels, s'était refusé de faire valoir ses droits à la retraite.

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Et ce n'est pas tout. Car, allergique à la contestation, Doumbouya a multiplié les dérives autocratiques en procédant à de graves atteintes aux libertés individuelles et collectives.

En effet, non seulement, il a interdit et ce, jusqu'à nouvel ordre, les manifestations sur la voie publique, mais aussi il embastille toute voix discordante au point que certains opposants, prenant toute la mesure de la situation, ont pris le chemin de l'exil. En fait, si, avec ses méthodes spartiates, Doumbouya pense pouvoir mener à la baguette les Guinéens, il se trompe énormément.

Et l'appel à la grève générale illimitée que lance le mouvement syndical guinéen en est la preuve. En tout cas, s'il ne veut pas subir le même sort que certains de ses prédécesseurs en l'occurrence de Moussa Dadis Camara et Alpha Condé, Mamady Doumbouya ferait mieux de mettre de l'eau dans son vin en travaillant à décrisper de l'atmosphère sociopolitique dans son pays.

Et cela passe nécessairement par l'ouverture d'un dialogue national inclusif avec toutes les forces vives de la Guinée à l'effet d'aplanir les divergences de vues. Il y va de l'intérêt du localaire du palais Sékoutoureya qui doit garder constamment à l'esprit l'adage qui dit que « le plus fort n'est assez fort pour l'être éternellement ».

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