Elle n'est pas encore promulguée, mais continue de créer la controverse. Début février, le Parlement malgache a adopté une loi prévoyant une peine de castration pour les personnes reconnues coupables de viols sur mineurs. Le lendemain, Amnesty International avait demandé aux autorités d'Antananarivo de revenir sur le texte que l'ONG estime contraire aux droits humains. Lundi 26 février, lors d'une conférence de presse, c'était au tour de la délégation de l'Union européenne dans le pays de clarifier sa position et d'émettre des réserves.
« Je ne crois pas que la castration [...] soit une solution dissuasive pour les violeurs », tranche Isabelle Delattre-Burger. C'est d'abord l'efficacité d'une telle sanction, érigée en mesure choc dans la lutte contre le viol, que l'ambassadrice de l'Union européenne à Madagascar met en cause.
Dans le pays, la plupart des cas de viols se règlent par des compensations matérielles au sein de la communauté. Résultat, l'immense majorité des affaires échappent à la justice et les agresseurs à toute condamnation.
Autre réserve avancée : pour la délégation de l'Union européenne à Madagascar, le gouvernement malgache ne respecte ni ses engagements internationaux, ni sa propre Constitution. L'article 8 de la loi suprême transpose l'adhésion du pays à la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiée en 2005.
Or, la castration relève bien d'un acte de « mutilation », pointe une autre source diplomatique à Madagascar. Ce qui choque, poursuit cette source, c'est de l'imposer comme une sanction, là où dans d'autres pays, la castration - qu'elle soit chimique ou chirurgicale - est proposée comme une solution thérapeutique aux personnes reconnues coupables de viols.
De son côté, la Haute Cour constitutionnelle malgache a déclaré vendredi 23 février la seule castration chirurgicale conforme à la loi, rejetant ainsi la castration chimique. Mais la Cour a posé quelques conditions : que les modalités de l'opération soient précisées par le gouvernement et que celle-ci n'entraîne « ni douleurs ni souffrances aiguës, physiques ou morales ».