Tchad: Décès de l'opposant tchadien Yaya Dillo - Tempête mortelle à N'Djamena à l'approche de la présidentielle

Yaya Dillo, le président du Parti socialiste sans frontières (PSF), le parti d'opposition le plus en vue au Tchad après le ralliement de celui des Transformateurs de Succès Masra, a été tué mercredi dernier. Il est mort à la suite des échanges de tirs avec les forces de l'ordre qui avaient encerclé le siège de son parti à Ndjamena, selon le communiqué officiel. L'opposant devait être enterré hier après-midi.

Cette disparition est l'une des conséquences majeures de la nouvelle poussée de fièvre politique et sécuritaire que connaît ce pays depuis l'annonce de la tenue de la présidentielle pour le 6 mai 2024. En effet, elle fait suite à 3 évènements qui confirment, hélas, qu'au Tchad, le crépitement des armes n'est jamais loin des contradictions politiques.

D'un, Yaya Dillo avait annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle et bien des analystes le voyaient comme l'adversaire le plus sérieux du président sortant. Qui plus est, l'opposant passait également pour son poil à gratter dans le clan familial.

Ce n'est pas nouveau que des mésententes dans la famille régnante au Tchad débouchent sur un drame national. On se rappelle qu'à côté de la thèse officielle sur la mort de Deby père, il a circulé des rumeurs insistantes qui laissaient entendre qu'il aurait été tué par un soldat ou un officier du sérail familial.

De deux, la tentative d'assassinat du président de la Cour suprême, il y a une dizaine de jours, a été attribuée à un proche de Yaya Dillo, qui est lui-même un cousin du président Mahamat Deby Itno.

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Troisièmement, l'arrestation de ce proche de l'opposant disparu aurait amené ce dernier à fomenter et diriger l'attaque contre le siège de l'Agence nationale de sécurité d'Etat (ANSE).

Une provocation de trop pour Deby fils qui, lors d'une réunion restreinte sur la sécurité nationale, avait instruit, selon le compte rendu du ministre de la Communication, les responsables chargés de la sécurité de faire « une fouille générale de la capitale N'Djamena, à l'exception des personnes jouissant d'une immunité, afin de trouver les responsables de cette attaque...» Toujours selon le ministère tchadien de la Communication, le président Deby, après avoir indiqué qu"'aucun citoyen n'est au-dessus de la loi", avait souligné que "personne, quel que soit son rang ou ses origines, ne peut remettre impunément en cause l'autorité de l'Etat".

Il n'en fallait pas plus pour que Yaya Dillo se sente dans le viseur du pouvoir, pour ne pas dire de son cousin de président. L'opposant, avant ces échanges de tirs qui lui ont été fatals, avait parlé de "grossiers mensonges" et d'un "montage grotesque", rejetant les accusations officielles portées contre son parti et sa personne au sujet de l'attaque du siège de l'ANSE.

Où est la vérité ? Où est le mensonge ? Pouvoir, opposition qui croire ? Une chose est sûre, cette montée du mercure social fait craindre pour l'élection présidentielle. Par exemple, pour le médiateur dans le dialogue inter-Tchadiens désigné par la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), "ces actes d'une extrême violence sont de nature à perturber le processus de transition politique auquel le Peuple tchadien a adhéré et dont il attend le dénouement à travers l'élection présidentielle prévue le 6 mai 2024".

A ce propos, d'autres analystes n'hésitent pas à pointer du doigt "un dictateur" qui a fait assassiner "un combattant de la liberté", un empêcheur de parachever en rond, par une élection inéquitable, "une succession dynastique" à problèmes, y compris dans le clan Itno Deby. Alors question : Que se passe-t-il vraiment au Tchad dans cette nouvelle tempête mortelle ?

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