Le top départ de la campagne pour la présidentielle a été donné le 9 mars dernier au Sénégal. Pendant 15 jours, les 19 candidats en lice pour la succession de Macky Sall, vont tenter de convaincre les électeurs sur la base de leurs projets de société respectifs pour le pays de la Teranga durement éprouvé, ces dernières années, par des soubresauts politiques.
La question que l'on peut se poser, est de savoir si les Sénégalais, en grande majorité, musulmans, prêteront une oreille attentive aux joutes oratoires des politiciens au regard du fait que la campagne coïncide avec le jeûne du ramadan. On peut l'espérer tout comme l'on peut espérer que cette période de pénitence apporte un peu plus de vertu aux hommes politiques connus pour leur forte propension aux mensonges et aux promesses démagogiques.
Cela dit, l'on peut déjà se féliciter du fait que cette campagne précédemment reportée par le président Macky Sall pris d'une soudaine procrastination, ait finalement eu lieu. C'est une victoire pour la démocratie sénégalaise qui vient ainsi de traverser une zone de fortes turbulences. L'on ose cependant espérer que les candidats n'ont pas laissé toutes leurs énergies dans la lutte contre le report de l'élection et qu'ils ne manqueront pas de vigilance pour le suivi et le contrôle du processus électoral qui peut susciter des inquiétudes en raison non seulement des délais très rapprochés pour l'organisation du scrutin mais aussi du fait du manque d'équité entre les candidats. On sait, en effet que le candidat du PASTEF, Bassirou Diomaye Faye est encore en prison et parait donc très handicapé par rapport aux autres candidats en lice.
Le dernier mot revient au peuple sénégalais qui a toujours fait montre d'une grande maturité politique
Même si l'on annonce la libération des prisonniers politiques dans les tout prochains jours, il n'en demeure pas moins que le fait de n'avoir pas pris le train au même moment, peut entamer les chances de certains candidats. Cela peut nuire au crédit de cette élection qui porte déjà les stigmates des violences politiques qui ont précédé la campagne électorale. Cela dit, l'on sait que les candidats à une élection ne sont jamais logés à la même enseigne au regard de la différence des moyens. Le candidat du parti au pouvoir part toujours avec les faveurs des pronostics en raison du fait que son parti dispose du soutien de l'appareil d'Etat même si au Sénégal, l'histoire a souvent fait mentir cette règle.
Et il est fort probable que, cette fois-ci encore, l'histoire déroge à la règle en raison du fait que le dauphin de Macky Sall, Amadou Ba, ne semble pas faire l'unanimité au sein de sa propre famille politique. Pire, la crise politique récente a largement écorné l'image du parti présidentiel si fait qu'il est à craindre, de ce fait, que l'injustice subie par certains candidats de l'opposition ne se transforme, pour eux, en un énorme capital de sympathie dans les urnes. C'est donc dire, en un mot comme en mille, que rien n'est gagné d'avance pour la majorité présidentielle et que la compétition reste ouverte. Le dernier mot revient au peuple sénégalais qui a toujours fait montre d'une grande maturité politique. Mais tout dépendra des stratégies mises en place par les différents candidats et surtout de leurs programmes politiques.