Au Tchad, le pouvoir rend une partie de l'électricité et de l'eau gratuite pour les ménages. L'Etat annonce également une baisse des taxes sur les transports.
L'annonce dugouvernement de transition intervient après un mois de crise énergétique au Tchad, marquée par des coupures fréquentes de l'approvisionnement en eau et en électricité.
La décision précise que les factures d'électricité et d'eau seront prises en charge par l'Etat dans la limite de 300 kWh pour l'électricité et 13 m3 d'eau par mois et par ménage.
Mais depuis plusieurs semaines, de nombreux quartiers de la capitale sont plongés dans le noir. L'indisponibilité de l'électricité rend également difficile l'approvisionnement des ménages en eau dans les bornes fontaines.
Une mesure de campagne
Dans les rues de N'Djamena, les avis des consommateurs sont partagés. Selon cet habitant, "c'est une mesure qui touche à des éléments de la vie quotidienne de la population, à savoir l'eau et l'électricité, donc c'est une mesure qui soulage. Mais le timing de cette mesure est tel qu'on ne peut pas ne pas faire un lien entre la mesure et les opérations électorales. C'est visiblement la campagne électorale qui commence".
Un autre résident de la capitale tchadienne estime que "sur plan national, je ne vois pas l'eau, je ne vois pas l'électricité, donc je ne sais pas de quelle gratuité le gouvernement parle".
La gratuité pour un service défaillant
Un avis que partage également le chercheur et socio-anthropologue, Remadji Hoinathy, pour lequel "toute mesure allant dans le sens d'alléger la souffrance des populations et d'alléger leur portefeuille est toujours la bienvenue. Maintenant, peut-on décider de la gratuité d'un service qui n'est pas fourni à la base ? L'électricité, il n'y en a pas, la vraie mesure aurait été d'abord de rendre l'électricité régulière et ensuite, de décider de sa gratuité. Cela a s'apparente à de la démagogie électoraliste".
Les syndicats des travailleurs du secteur public, en grève depuis plus bientôt un mois contre l'augmentation des prix des produits pétroliers, ne sont pas non plus satisfaits par ces mesures d'assistance aux ménages. Ils ont appelé à une grève sèche et illimitée.
Conscient de l'ampleur de la situation, le président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno, a déclaré, à la veille du ramadan, que malgré les efforts fournis, le gouvernement n'a pas pu rendre disponibles l'électricité et l'eau. Il en a profité pour demander aux Tchadiens, pardon et patience.