Afrique: Afrodad - Les médias, vecteurs de la promotion de la transparence, la responsabilité et la bonne gouvernance

Des journalistes et professionnels des médias de 35 pays africains sont en conclave à Abidjan du 19 au 21 mars dans le but de réfléchir et d’échanger pour améliorer les initiatives d’allégement de la dette africaine.
20 Mars 2024

La 4éme édition de l’Initiative médiatique d’Afrodad se poursuit à Abidjan. A cet effet, des journalistes et professionnels des médias de 35 pays africains sont en conclave du 19 au 21 mars dans le but de réfléchir et d’échanger pour améliorer les initiatives d’allégement de la dette africaine.

Lors de la 2éme journée, une analyse de l’allocation et l’utilisation des Droits de Tirages Spéciaux (DTS) en Afrique est exposé par Lurit Yugusuk, membre de Justice Economique et Droits, Femnet au Soudan du Sud.

Selon elle, les DTS, instrument monétaire international créé par le Fonds Monétaire International (FMI), sont une forme de réserve monétaire pour compléter les réserves déjà existantes des pays membre.

En effet, ils contribuent à l’équilibre et à la durabilité de l’économie d’un pays. Lurit Yugusuk, dans sa présentation, a proposé des alternatives féministes afin de réorienter les DTS pour faire progresser l’Agenda 2063 et le 5éme Objectif de développement durable visant à promouvoir des droits économiques équitables pour les femmes et les filles africaines.

A l’en croire, lorsqu’un gouvernement est endetté ou a des revenus limités, il y a moins d’argent disponible pour les programmes publics qui soutiennent les initiatives d’égalité des sexes.

Il s’agit notamment de l’éducation, des soins de santé, de la garde des enfants et des programmes de lutte contre la violence fondée sur le genre. Dès lors, ces effets impactent sur la réalisation des droits des femmes et des filles, estime Mme Yugusuk.

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Dans cette même logique, elle propose aux gouvernements de créer des structures et des politiques pour assurer l’égalité des genres. Du côté des médias, elle exhorte les journalistes à produire des contenus éducationnels pour que la population puisse comprendre les systèmes financiers proposé à nos nations.

Sur le plan sanitaire, Victoria Rubadiri, journaliste et présentatrice de télévision à Citizen TV au Kenya, s’est préoccupé de la situation de son pays où le gouvernement ne se soucie pas trop des infrastructures sanitaires.

De son point de vue, les journalistes devraient orienter et humaniser leur reportage sur la dette publique afin que les gouvernements puissent faire bon usage des différents fonds qu’ils reçoivent.

Selon Victoria Rubadiri, au Kenya, la majorité de la population n’a pas la bonne information concernant l’éducation, la santé ou encore l’économie, surtout les femmes qui vivent en milieu rural.

A en croire la journaliste de Citizen TV, le Kenya a contracté 500 millions de dollars de dette à rembourser avec plus de 80% de taxes de revenu à reverser. Ainsi, ces manquements prouvent que « nos Etats peinent à s’en sortir », estime-t-elle.

Victoria Rubadiri invite ainsi les journalistes à être ces personnes qui communiquent les informations nécessaires pour que les populations puissent s’imprégner de la situation du pays.

Dans un extrait de la Charte d’Harare, « les rendements des ressources de l'Afrique, Incluant les instruments financiers ne permettent pas de mobiliser les recettes fiscales nécessaires pour stimuler le développement et la transformation économique et sociale », a mentionné Eli Kaboré, journaliste d’investigation au Burkina Faso.

Pour sa part, il estime que les journalistes doivent s’intéresser davantage à la transparence, la redevabilité et la bonne gouvernance. Depuis les 30 dernière années, l'Afrique a été embarqué dans des programmes de développement notamment le Programme d’Ajustement Structurel au début des années 90, avec la promotion du secteur privé comme moteur de développement.

A cela s’ajoute l'initiative Pays Pauvre Trés Endettés (PPTE), avec la remise de la dette vers fin des années 90 entre autres. De ce fait, le travail des journalistes est de contribuer en faisant l’Etat des lieux du niveau d’endettement du pays, d’analyser les conditions de prêt, de décaissement et de remboursement.

Par ailleurs, Adwoa Adobea Owusu, journaliste d’investigation et responsable des médias pour l’Afrique de l’Ouest, s’est préoccupé du statut du journaliste en se posant la question à savoir à quel point les journalistes sont libres dans l’exercice de leur fonction.

Dans sa présentation, elle a indiqué que l’Afrique est l’une des pires régions en matière de liberté de la presse, selon Reporters Sans Frontières. En effet, Mme Owusu a exposé les différents formes d’attaques que les journalistes subissent dans leur pays comme les arrestations, les coupures d’internet et les révocations des licences des médias.

Elle estime qu'il est impératif de mettre en œuvre un système qui permettra d’être indépendant dans l’exercice de “nos fonctions et de travailler main à main avec les gouvernements pour faciliter le travail du journaliste”.

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