Le sprint final est lancé par les 18 candidats à l'élection présidentielle à 72 h du scrutin du 24 Mars 2024. En effet, le désistement du candidat de la Plateforme Avenir Sénégaal bi nu bëgg (le Sénégal dont on rêve), Cheikh Tidiane Dièye, qui a rejoint la coalition « Diomaye Président ». Au total, ils seront sauf surprise, 18 à se disputer les suffrages des 7 millions de sénégalais inscrits sur les listes électorales.
Il faut toutefois noter, que si au départ tous enfourchaient la trompette du changement, sauf le candidat, du pouvoir et de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) Amadou Ba, qui lui, avait opté pour la continuité en endossant le bilan de Macky Sall. Une position qui n'a pas tenu longtemps en ce sens qu'aujourd'hui tous sans exception optent pour le changement, même si les perspectives tracées ne sont pas les mêmes. Cependant, il est établi après une semaine d'écoute des différents candidats que le changement qui sonne comme un leitmotiv risque de n'être qu'une promesse de campagne.
Le premier signe de ce « statu quo », se retrouve dans le raz de marais observé vers les différentes coalitions qui communiquent sur le moindre ralliement. En fin de compte, on se retrouve avec des coalitions hybrides dont on se demande même si elles ne perdront pas leur âme en cours de chemin, pour servir un produit « contrefait » en cas de victoire. On le sait bien, la participation à la victoire comprend toujours une contrepartie en termes de responsabilité à partager, que dis-je à distribuer. De ce point de vue, il y a fort à parier que les compromis voire les nécessaires compromissions vont diluer les engagements initiaux de changement.
L'autre signe de perplexité par rapport aux promesses de changement, se trouve quelque part dans le discours. Jusque là tous les candidats pour l'essentiel se situent à un niveau « macro ». Mis à part, les attaques à « fleurets mouchetés » relevées ça et là entre les candidats sur des aspects programmatiques, il reste constant que le discours à quelques exceptions prés semble être en déphasage avec les urgences et attentes citoyennes. Ils sont tous restés dans une quasi-unanimité sur prescriptions génériques à savoir : l'emploi, la souveraineté alimentaire, l'industrialisation, ou généralités sectorielles sur l'agriculture, l'élevage, la pêche et j'en passe.
Le seul point sur lequel, on peut relever une volonté affirmée de changement, c'est sur les réformes institutionnelles sans qu'aucune séquence temporelle, aucun échéancier, ne soit clairement défini.
Or, les électeurs sont aujourd'hui en attente de réponses concrètes sur le coût de la vie. Oui, la vie est devenue hyper chère depuis la Covid 19 ; c'est la quadrature du cercle pour les ménages. Tous les prix flambent, et davantage encore en cette période de ramadan ou l'approvisionnement du marché est un gros souci dans un pays ou la pauvreté tourne autour de 33, 6% en 2023.
En lieu et place, la mouvance présidentielle et son candidat, tout comme les candidats de l'opposition se limitent à des énonciations ou des vœux.
Hélas jusqu'à quelques encablures de la fin de la campagne, tous semblent faire l'omerta sur une question certes difficile, mais sur laquelle les électeurs devront apprécier l'élan de changement auquel on leur propose d'adhérer.