Sénégal: Election présidentielle - Coup de Poker ou surprise du chef ?

Les sénégalais aux urnes
23 Mars 2024
analyse

Bien malin est celui qui pouvait prédire ce qui vient de se passer ces dernières 48heures, et qui sans doute risque de déjouer les pronostics qui dégageaient des tendances lourdes, notamment au regard du jeu d’alliance des acteurs.

En effet, trois blocs de coalitions  qui se dessinent de manière générique  donnent 3  cas de figure.  La mouvance de Benno Bokk Yaakaar au pouvoir d’une part, des « souverainistes ou patriotes » une excroissance de Yewwi Askan Wi d’autre part, et  enfin des « non alignés », connaissent un double mouvement intra et extra coalition pour donner une configuration inédite de la compétition électorale.

D’abord, les différents candidats en lice rivalisent via des communiqués sur les nombres ralliements à leurs coalitions pour crédibiliser davantage leur prétentions victorieuses.

Ensuite, et c’est « la surprise », les deux candidats Cheikh Tidiane Dièye et Habib Sy ont, en l’intervalle de 48 heures confirmé leur désistement en faveur du candidat de la coalition « Diomaye Président ». Quoi que cette décision ne soit pas acceptée par le greffe du conseil constitutionnel, pour des raisons encore non élucidées, ce fait donne une nouvelle lecture de la compétition électorale, et conforte l’idée de la présence d’un bloc de souverainiste, issue des flancs de la coalition Yewwi Askan Wi, laquelle a été créée lors des législatives par l’opposition qui, faut-il le rappeler, a aujourd’hui au moins 4 candidats encore en lice.

La caractère inédit de ce ralliement à quelques heures du scrutin vient du fait que, ces deux candidats en question ont battu campagne, sous leur propre bannière, mais au nom et pour le compte de Bassirou Diomaye Faye, candidat de la coalition qui porte son nom, alors que celui -ci était en prison.

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C’est logique dira-t-on. Mais c’est le timing qui a déjoué les pronostics, même si légalement ils pouvaient le faire jusqu’à la veille du scrutin.

En effet, pour beaucoup d’observateurs, ce n’étaient qu’un Plan B voire C, autrement dit une stratégie pour sécuriser la candidature de Bassirou Diomaye Faye. « Le Pastef dissout» étant convaincu que la candidature de Ousmane Sonko était définitivement impossible, à cause des ennuis judiciaires  sur son chemin, a opté pour une stratégie de contournement avec 3 candidatures simultanées, à qui il a offert toutes les possibilités pour franchir le cap du parrainage.

Le maintien de Bassirou Diomaye Faye en prison a contribué sans doute à différer ce moment, car il est fort probable que s’il était sorti avant le démarrage de la campagne, le désistement de ces 2 candidats serait intervenu avant. Toutefois, il faut remarquer que la candidate Rose Wardini retenue sur la liste des candidats avait elle aussi désisté, suite à la découverte de sa double nationalité, pour finalement rejoindre le candidat du pouvoir et de BBY, Amadou Ba.

Il reste que le tournant décisif, qui rend absolument possible une victoire au premier tour de la coalition « Diomaye Président », est la décision du Parti Démocratique sénégalais (PDS) de lui apporter son soutien. Jusque-là   une victoire au 1er tour n’était considérée que comme un slogan au regard des différentes forces en présence. Mais le renfort du PDS, qui a fait lors des dernières élections 500 000 voix et qui dispose d’un groupe parlementaire est à prendre très au sérieux pour au moins 2 raisons. D’abord le candidat de BBY dont on dit qu’il est le plus « capé » pour challenger « Diomaye Président », a déjà fait le plein de sa coalition ou de ce qui en reste. Ensuite il jouit des atouts du « candidat sortant » qui le placent comme concurrent principal.

C’est ça véritablement le tournant, le fait majeur de cette campagne, qui s’achève ce vendredi 22 mars à minuit.

Tout devient possible, espérons simplement que la bonne et transparente organisation du scrutin soit au rendez-vous et que le meilleur gagne.

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