Ouverte avec le coup d'État militaire d'août 2020 et déjà prolongée à deux reprises, la période de transition s'est officiellement achevée avant-hier mardi 26 mars. C'était la date arrêtée il y a deux ans par un décret présidentiel signé de la main du colonel Assimi Goïta lui-même. Mais depuis, l'élection présidentielle programmée le mois dernier a encore été repoussée. Aucune nouvelle date n'a été fixée. Les autorités maliennes de transition n'ont pas communiqué sur cette situation exceptionnelle et demeurent bien en place. Mais les partis politiques maliens, et pas seulement d'opposition, les interpellent désormais les uns après les autres.
La Synergie d'action pour le Mali s'inquiète du « vide juridique » dans lequel le pays est désormais « plongé. » Cette coalition de partis politiques et d'organisations de la société civile d'opposition demande donc, à nouveau et sans surprise, « la mise en place d'une Transition civile » et appelle « les forces vives de la nation » « à se joindre à cette lutte pour sauver la patrie en danger. » Les activités de la Synergie ont été interdites par le gouverneur de Bamako en début de semaine, officiellement pour des raisons de sécurité.
Nouvelle transition courte
Le parti Yelema de l'ancien Premier ministre Moussa Mara, habituellement beaucoup moins critique, s'associe pour l'occasion au M5-RFP-Mali-Kura -anciens compagnons de route du Premier ministre de transition Choguel Maïga partis en dissidence. Ils estiment conjointement que « la Transition ne saurait au forceps s'éterniser » et recommandent de « redéfinir le contour et les objectifs et d'identifier les acteurs d'une nouvelle Transition courte. » Eux aussi invitent « le peuple malien à se mettre ensemble pour défendre les principes de la démocratie. »
Le RPM de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keita appelle les autorités de transition à la « responsabilité » et au « respect des engagements souverainement pris devant la communauté nationale et internationale. » Le RPM suggère la mise en place « de toute urgence » d'« un nouveau mécanisme transitionnel » pour une durée de six mois maximum.
« Rétropédalage démocratique »
L'Adema invite les autorités de transition à « ne pas laisser perdurer le vide juridique » et réclame un nouveau calendrier électoral « consensuel » pour un retour à l'ordre constitutionnel « dans un délai acceptable. » Le plus vieux parti du Mali, habituellement peu virulent, dénonce « le silence prolongé des autorités de transition » qui, six mois après avoir annoncé un « léger report », n'ont en effet fixé aucune nouvelle date pour l'élection présidentielle. Ce qui, pour l'Adema, « ne participe nullement à l'apaisement du climat socio-politique. »
Le PDES, parti des héritiers de l'ancien président Amadou Toumani Touré, « exhorte les plus hautes autorités à sortir du silence et à oeuvrer pour le retour rapide à l'ordre constitutionnel normal. » Le PDES « exprime ses vives inquiétudes » quant au « manque de lisibilité » de « la trajectoire actuelle de la Transition », et fait l'amer constat du « rétropédalage démocratique » et de « la régression politique et économique du pays. »
Enfin, le Parena de Tiébilé Dramé appelle à « fixer de manière consensuelle un calendrier de retour à l'ordre constitutionnel par des élections libres, transparentes et crédibles. » Le parti du bélier blanc plaide au passage pour la libération des prisonniers d'opinion, le retour des exilés politiques, l'arrêt des dissolutions d'associations et de partis politiques ou encore la fin des interpellations pour délit d'opinion.
Deux jours après la fin officielle de la période de transition, les autorités de Bamako demeurent tout à fait silencieuses sur le sujet. En revanche, dans un message diffusé mercredi sur les réseaux sociaux, le colonel Assimi Goïta déclare avoir eu un entretien téléphonique avec le Président russe Vladimir Poutine, au cours duquel les deux dirigeants ont décidé de « coopérer davantage dans la lutte contre le terrorisme. »