La liste des participants au dialogue national a été publiée mardi. Le décret désigne près de 600 personnes, politiciens, ONG, religieux, militaires et autres couches de la société gabonaise. Du 2 au 30 avril, ils devront jeter les bases du futur Gabon et enclencher des réformes en profondeur pour le pays après le coup d'État du 30 août dernier. Mais cette liste ne plaît pas forcément à tout le monde.
« On se doutait qu'il y aurait des mécontents. Certains disaient qu'il y aurait une manifestation », confie en plaisantant un des organisateurs...
Il n'y a pas eu de marche, mais la liste suscite la grogne, même discrète. 104 partis devaient fournir 4 représentants. Or 1 seul a été retenu, sélectionné par le président Oligui Nguema. « Chaque mouvement doit pouvoir choisir qui le représente. En plus, les partis seront dispersés entre divers ateliers et ne pèseront pas », confie un politique.
Autre problème, plusieurs dizaines de formations sont quasi inconnues, et certains ténors de la politique n'ont pas été retenus. « Le président a choisi des seconds couteaux. On craint un rendez-vous verrouillé. Ce n'est pas de bon augure », confie un chef de parti. La liste est « composite et représentative », rétorque un organisateur. « Certes, il manque des figures de proue, mais il faut laisser émerger de nouvelles personnalités », ajoute cette source.
Les militaires eux seront en force. Plus d'une soixantaine issue du CTRI, sans compter leurs ministres et membres des délégations spéciales. « Ce dialogue sera un monologue. Tout est caporalisé », estime un ancien ministre. Une nouvelle catégorie de 69 personnes dites expertes ou expérimentées a été ajoutée, parmi lesquelles l'ancien ministre Jean Ping. Possiblement pour rééquilibrer les débats.
En tout cas, malgré les appels au report, le ministère a maintenu le calendrier. « Un délai aurait aussi été critiqué et suscité l'inquiétude de la communauté internationale. On devait coller au calendrier de transition », confie une bonne source.