Cote d'Ivoire: Ouattara-Soro - Vers une réconciliation ?

Alassane Ouattara et Guillaume Soro

C'est un fait inédit qui s'est produit la semaine passée, tant il était difficile d'imaginer un rapprochement entre ces deux hautes personnalités politiques en Côte d'Ivoire.

L'ancien Premier ministre, Guillaume Kigbafori Soro, a eu courant mars dernier, un échange téléphonique avec le président ivoirien, Alassane Ouattara. La nouvelle a été portée au grand public via un communiqué en date du 4 avril 2024, signé de Moussa Touré, responsable à la communication du mouvement de Guillaume Soro, Générations et peuples solidaires (GPS).

En brouille, au point de se haïr, les deux hommes ne s'étaient plus parlé directement depuis plus de cinq ans ! L'entretien entre Ouattara et Soro qui s'est voulu cordial, a permis à l'ex-chef du gouvernement de saluer le début de la décrispation politique en terre d'Eburnie, avec notamment les mesures d'élargissement prises en faveur de ses proches, dont le vice-président de GPS, Souleymane Koné, alias «Soul to Soul ». Eu égard à ces efforts de main tendue au sommet de l'Etat ivoirien, Guillaume Soro a pris la décision d'organiser le retour progressif des cadres de GPS en exil.

A la suite de cette annonce, une première vague d'exilés de GPS, conduite par le chef de cabinet de Guillaume Soro, Toh Marc Ouattara, sont rentrés au bercail, le samedi 6 avril dernier. Ce retour symbolique traduit la volonté de Soro d'oeuvrer pour la paix et la réconciliation nationale, avec en ligne de mire la présidentielle de 2025. On le sait, l'ancien Premier ministre, en exil depuis 2019 et qui a écopé d'une condamnation à perpétuité pour atteinte à la sûreté de l'Etat, a affiché sa ferme intention de retourner dans son pays et de contribuer à sa construction. N'a-t-il pas quitté l'Europe, fin novembre, pour déposer ses valises en Afrique de l'Ouest en fin 2023 ? Il a d'ailleurs été reçu par les dirigeants de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), le capitaine Ibrahim Traoré, le colonel Assimi Goita et le général Abdourahamane Tiani.

Le fait d'avoir renoué le dialogue avec Ouattara et d'ouvrir ainsi la voie au come-back de ses proches atteste du désir ardent de Soro de regagner la terre de ses ancêtres. Mais est-ce suffisant pour dire que le leader de GPS a fumé le calumet de la paix avec le chef de l'Etat ivoirien, de sorte à pouvoir rentrer tranquillement au pays quand il le veut ? Il est assez tôt pour avoir cette certitude. Il faudra voir l'évolution du dialogue entre les deux hommes pour en deviner l'issue. De toute évidence, le président Ouattara est manifestement engagé sur le chemin de la réconciliation nationale, si l'on s'en tient aux gestes déjà posés.

En plus d'avoir fait libérer Simone Gbagbo en 2018, à la faveur d'une loi d'amnistie et gracié plusieurs acteurs impliqués dans la crise post-électorale de 2010-2011, il a autorisé le retour au pays de son prédécesseur, Laurent Gbagbo et de son ministre de la Jeunesse d'alors, Charles Blé Goudé. Ces deux ex-prisonniers de La Haye vaquent tranquillement à leurs occupations en Côte d'Ivoire.

Guillaume Soro pourrait peut-être bénéficier des mêmes largesses, sait-on jamais. Mais une question se pose : même si Soro parvenait à rentrer au pays, pourrait-il poursuivre ses ambitions politiques, lui qui n'a pas encore renoncé à son projet de briguer la magistrature suprême. L'ancien chef de gouvernement tient toujours à quitter le tabouret pour le fauteuil, comme il l'avait caricaturé à son départ de la tête de l'Assemblée nationale, à la suite des divergences politiques avec Ouattara. Soro souhaite d'ailleurs que la présidentielle de 2025 se déroule dans « un climat d'ouverture, d'inclusion, de transparence, de loyauté et d'exemplarité ».

Le chef de l'Etat ivoirien qui ne s'est pas encore prononcé sur son avenir politique ira-t-il dans ce sens ? Tout est possible en politique. Déjà, certains observateurs poussent l'outrecuidance en affirmant que Ouattara pourrait bel et bien se réconcilier avec Soro et faire de lui, au besoin, son dauphin pour 2025. L'avenir nous le dira...

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