Bel-Gaza Beyina, directeur général du Cabinet Afrika finance, en charge de la gestion du Centre national d'hémodialyse et du Centre national d'imagerie, financés avec le concours financier du Fonds africain de développement, est fier des résultats obtenus.
« Ce que je peux dire, c'est que grâce à ces deux centres, la vie des Centrafricains a complètement changé. Le centre d'hémodialyse est le premier du genre depuis l'indépendance du pays et a rendu possible la prise en charge locale des patients souffrant de problèmes rénaux. Alors qu'auparavant, on était obligé de les évacuer. Je vous laisse donc imaginer le changement », explique-t-il, sourire aux lèvres.
Le docteur Cédric Ouanekpone, médecin-chef du Centre national d'hémodialyse, inauguré en décembre 2020 à Bangui (mais opérationnel en avril 2022) ne dira pas le contraire. Après des études de médecine entre Dakar et Strasbourg, il décide de revenir au pays malgré les opportunités de travailler ailleurs. « Dans mon pays, il y n'y avait pas un seul néphrologue en activité. Je me sentais plus utile ici », commente-t-il. La suite lui donnera raison. « Il y avait tellement de patients que je ne pouvais même pas aller en congé au vu des énormes besoins », ajoute-t-il.
Le docteur Cédric Ouanekpone invite les Africains qui ont des compétences pointues à revenir aider le continent parce qu'ils ont l'occasion d'avoir beaucoup d'impact et de changer la vie des communautés. Il tire satisfaction de ses interventions auprès des femmes enceintes, assistées pendant l'accouchement, avec certains risques élevés mais qui savourent au final la joie de porter leur bébé entre les mains.
Pour le centre d'imagerie, inauguré également en décembre 2020, il s'agit d'un centre de diagnostic de haute performance, numérisé avec un scanner, le seul du pays avec des équipements qui permet l'échographie doppler, de faire des analyses et un diagnostic aux patients, que ce soit le généraliste ou le spécialiste qui va les renforcer dans le traitement de leurs patients.
Les deux centres ont donc littéralement changé le quotidien des Centrafricains et le docteur Cédric en garde des souvenirs marquants. Le nombre de patients annuellement répertoriés pour les deux centres est de 6 500 patients.
« J'ai toujours à coeur cet enfant de trois ans à qui on a fait une séance d'hémodialyse qui lui a permis de retrouver la santé et d'aller à l'école. Cet enfant unique de sa famille peut devenir un cadre demain. La plupart de mes patients peuvent venir en dialyse, et aller au travail après, alors qu'avant l'existence de ce centre, ils étaient condamnés », ajoute-t-il, avec satisfaction.
Bel-Gaza Beyina, administrateur des deux centres, remercie la Banque africaine de développement, et souligne le caractère révolutionnaire de ces deux structures en termes de plateau médical.
« Ces deux centres ont permis d'attirer des spécialistes centrafricains qui sont motivés maintenant pour revenir travailler dans leur pays parce qu'ils ont des plateaux techniques relevés », conclut Beyina.
Les deux centres ont été financés dans le cadre du Projet d'appui à la reconstruction des communautés de base (phase 1), approuvé en juin 2015 et alimenté par trois dons : un don de 13,43 millions de dollars américains du Fonds africain de développement, le guichet de prêts à taux concessionnels du Groupe de la Banque africaine de développement, un autre de 7,03 millions de dollars de la Facilité d'appui à la transition (FAT), plus 663 235 dollars de l'Initiative pour l'alimentation en eau et l'assainissement en milieu rural, un fonds multi donateurs hébergé par la Banque.
Outre la construction du centre d'hémodialyse et celui d'imagerie médicale (scanner), le projet a également financé la dotation du Laboratoire national de biologie clinique, du Centre national de transfusion sanguine et du laboratoire du Centre de santé scolaire en équipements et consommables de laboratoire ; des hôpitaux du Camps Fidèle Obrou, Mama Domitien en équipements d'ophtalmologie et 6 ambulances de type B. Il a aussi soutenu la formation des professionnels de santé (notamment 6 médecins et 4 techniciens biomédicaux -dont deux femmes.
Le projet a également appuyé la réhabilitation et la construction d'infrastructures scolaires, sanitaires, d'eau et d'assainissement, la promotion de l'entreprenariat des jeunes à travers l'association Jeunesse pionnière nationale et le développement local.
Clôturé en 2021, sa deuxième phase a été approuvée en septembre 2023 par le Conseil d'administration du Fonds africain de développement. Elle va contribuer entre autres à l'extension du centre d'hémodialyse (de 10 fauteuils de dialyse à 20 fauteuils) et à la dotation du centre d'imagerie médicale en imagerie par résonance magnétique.
En dotant la Centrafrique de son premier centre d'hémodialyse et de son premier scanner, la Banque africaine de développement a contribué à améliorer significativement la qualité des diagnostics et des soins, redonnant ainsi espoir aux patients et au corps médical.