Les Tchadiens ont été appelés aux urnes, le 6 mai, pour mettre fin à trois ans de pouvoir militaire. Une présidentielle marquée par un duel inédit entre le président de transition, le général Mahamat Déby, et son Premier ministre et ex-opposant, Succès Masra.
Outre Mahamat Idriss Déby et Succès Masra, l'ancien chef du gouvernement Albert Pahimi Padacké et sept autres candidats sont en lice. Aux yeux des analystes, Mahamat Idriss Déby, qui s'est installé au pouvoir en tant que « président de transition » du Tchad en avril 2021 lorsque son père, le président Idriss Déby, a été assassiné par des rebelles, est le favori du scrutin. Toutefois, selon ces observateurs, son principal rival, Succès Masra, qui n'est autre que son Premier ministre, a attiré des foules plus importantes qu'attendu lors de la campagne.
L'élection se tient alors que les États-Unis ont annoncé fin avril le retrait temporaire d'une partie de leurs troupes déployées au Tchad, que les puissances occidentales considèrent comme un allié important face à l'influence grandissante de la Russie dans la région et face à l'insurrection de groupes djihadistes.
Des résultats provisoires sont attendus d'ici au 21 mai, et les résultats définitifs, début juin. Un second tour sera organisé le 22 juin si aucun des candidats n'obtient plus de 50 % des suffrages.
Trois jours avant le scrutin, la Fédération internationale pour les droits humains s'est inquiétée d'une « élection qui semble ni crédible ni libre, ni démocratique, dans un contexte délétère marqué par la multiplication des violations des droits humains ».
Le même jour, l'organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG) a également émis des « doutes sur la crédibilité du scrutin » après l'éviction des candidats d'une « opposition politique muselée ».
Les deux organisations mettent aussi en doute « l'indépendance » des deux institutions chargées d'organiser le scrutin et de proclamer les résultats, dont les membres ont été nommés par Mahamat Idriss Déby : le Conseil constitutionnel qui a invalidé dix candidats et l'Agence nationale de gestion des élections.
« Le nouveau code électoral a supprimé l'obligation d'afficher les procès-verbaux (de dépouillement) à l'extérieur des bureaux de vote et permet de ne publier les résultats qu'au niveau régional, ce qui empêchera les observateurs de consolider les résultats par bureau de vote pour vérifier les chiffres », regrette l'ICG.