Madagascar: Santé pubique - Des sages-femmes poursuivies suite à des décès maternels

Une future maman reçoit les conseils de Jeanne Bernadine Rasoanirina dans un centre de santé communautaire à Behara, un village du sud de Madagascar.

Des sages-femmes sont poursuivies par les familles de leurs patientes. Ces dernières les accusent d'être responsables du décès de leur proche.

Chaque année, une dizaine de sages-femmes risque la prison. «Une dizaine de plaintes est déposée auprès de l'Ordre des sages-femmes chaque année. Au mois de février de cette année, deux membres de notre corps ont été poursuivis en justice par des familles de femmes décédées pendant l'accouchement. C'est généralement le motif des plaintes contre les sages-femmes», note la présidente de l'Ordre des sages-femmes, Oméga Ranorolala, lors de la journée mondiale des sages-femmes.

Ces deux sages-femmes ont été relaxées. Oméga Ranorolala affirme qu'aucune des leurs n'est actuellement incarcérée pour des fautes professionnelles. «Les sages-femmes ne sont pas nécessairement responsables des décès maternels. Nous sommes tenues à des obligations de moyens, tout comme tous les professionnels de santé, et non de résultats. Nous faisons tout notre possible pour sauver les mères et leurs enfants pendant l'accouchement. Nous sommes également tenues de respecter le code de déontologie, donc nous n'avons pas le droit à l'erreur», précise Oméga Ranorolala.

Madagascar a enregistré quatre cent huit décès pour cent mille naissances vivantes en 2021, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces chiffres ont diminué par rapport à il y a 30 ans, mais restent élevés. Les femmes meurent des complications pendant et après la grossesse et l'accouchement, qui sont souvent évitables et peuvent être traitées, selon l'OMS. «Les principales causes des décès maternels sont le manque de suivi pendant la grossesse. Lors de l'accouchement, l'hôpital est souvent le dernier recours. Les femmes tentent d'accoucher chez elles en premier lieu. Ce n'est que lorsqu'il y a des complications qu'elles se rendent à l'hôpital. Souvent, il est trop tard. Malheureusement, en cas de décès, c'est le professionnel de santé qui est pointé du doigt», indique le responsable d'un Centre de santé de base (CSB) dans la province de Fianarantsoa.

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Risque

De plus, même si les parturientes souhaitent accoucher en toute sécurité, les centres de santé sont souvent trop éloignés, les contraignant à accoucher en dehors d'un hôpital. «J'ai accouché à la maison, assistée par une matrone, car l'hôpital est trop loin, à deux heures de chez nous», témoigne Eva, une jeune mère vivant dans un petit village d'Anjiro Moramanga.

Il est également impossible de fermer les yeux sur les conditions dans lesquelles travaillent les sages-femmes, en particulier celles dans les zones rurales. «Nous n'avons ni électricité ni eau. Nous utilisons des lampes à pétrole, des bougies et des torches en cas d'accouchement nocturne. Les familles des parturientes se chargent de l'eau», témoigne une sage-femme.

Dans de telles conditions, le risque n'est pas nul pendant l'accouchement. Oméga Ranorolala encourage les femmes enceintes à suivre des consultations prénatales et à accoucher à l'hôpital. Elle encourage également ses consoeurs à continuer à renforcer leurs compétences.

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