Madagascar: Au pays, les femmes ont trop honte de demander de l'aide lors de l'accouchement

Une future maman reçoit les conseils de Jeanne Bernadine Rasoanirina dans un centre de santé communautaire à Behara, un village du sud de Madagascar.

Selon une sage-femme travaillant dans un centre de santé soutenu par les agences des Nations Unies, certaines femmes vulnérables issues d'une région moins développée du sud de Madagascar ont « trop honte » de demander les services de santé maternelle dont elles ont besoin, même si la situation est peut-être sur le point de changer.

La région de l'Androy, essentiellement rurale, a été touchée par une série de crises humanitaires qui ont affecté les personnes les plus vulnérables, y compris les futures mères. Cependant, la distribution de kits de maternité simples et peu coûteux encourage davantage de femmes à accéder à une série de services qui leur permettront, ainsi qu'à leurs bébés, de rester en bonne santé.

Avant la Journée internationale de la sage-femme, célébrée chaque année le 5 mai, Jeanne Bernadine Rasoanirina, sage-femme à Behara, dans l'Androy a parlé à ONU Info des difficultés rencontrées pour atteindre les femmes les plus pauvres.

« Il s'agit d'une zone rurale très pauvre et de nombreuses femmes ont trop honte de venir accoucher au centre de santé parce qu'elles n'ont même pas d'argent pour le transport ou pour acheter un vêtement propre dans lequel envelopper leur nouveau-né. Elles ne veulent pas que les autres sachent qu'elles sont pauvres.

Les futures mères qui viennent ici reçoivent tout le soutien dont elles ont besoin pour accoucher, et ce gratuitement, grâce au gouvernement et aux agences des Nations Unies, dont l'agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive (UNFPA). L'UNICEF et le Programme alimentaire mondial fournissent des conseils et un soutien importants en matière de nutrition, qui complètent notre travail et sont essentiels pour préserver la santé des mères et de leurs enfants.

Bien que j'exerce ce métier depuis 19 ans, je suis toujours très attristée de voir arriver des femmes qui n'ont pas les moyens de s'occuper d'elles-mêmes. Elles peuvent porter des vêtements sales, ce qui est un signe de pauvreté, mais aussi signe de manque de connaissances ou de respect de l'hygiène.

La semaine dernière, j'ai pratiqué trois accouchements et, au cours du mois écoulé, j'ai assisté à plus de 330 consultations prénatales et postnatales ; la demande de services est donc bien réelle.

Kits de maternité

Je pense que davantage de femmes seront encouragées à venir au centre de santé, car pour la première fois depuis plus d'un an, nous avons reçu hier 240 kits de maternité [soutenus par l'UNFPA], qui dureront environ trois mois.

Ces kits comprennent tout ce dont une mère a besoin pour accoucher : gants, gaze, pince pour le cordon ombilical et seringue pour l'accouchement, ainsi que des langes et des vêtements pour habiller le bébé. Les mères économiquement vulnérables n'auront plus honte de venir pour leur accouchement.

Il est frustrant de ne pas avoir un approvisionnement régulier, car ce petit article peut faire une grande différence. Il permet à ce que davantage de femmes viennent dans notre centre de santé, qui est un endroit plus sûr pour accoucher.

En 2023, nous n'avons eu que des accouchements réussis, il n'y a pas eu de décès. Nous ne savons pas combien de femmes ont accouché à domicile, ni combien d'enfants et de mères sont décédés à la suite d'accouchement. Il existe bel et bien un risque de décès si une femme ne vient pas accoucher ici.

La polygamie

Il existe encore de nombreux obstacles culturels à l'accouchement dans le sud de Madagascar. Les enfants sont considérés comme un signe de richesse, même si les familles n'ont pas les moyens de s'en occuper correctement, et il est donc courant d'avoir beaucoup d'enfants, parfois allant jusqu'à dix.

La polygamie est également pratiquée et certains hommes ont jusqu'à cinq femmes et veulent avoir des enfants avec chacune d'entre elles. Nous fournissons des informations et proposons des formations sur ces problèmes, mais nous devons toujours être sensibles à la culture locale ».

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