La récente annonce de la grève de la faim d'Ali Bongo, ancien chef de l'exécutif gabonais, a provoqué un véritable séisme politique et social au Gabon. Cette décision, motivée par les tortures infligées à sa femme Sylvia et à son fils Nourredine, révèle une situation de crise sans précédent au sein de l'appareil politico-militaire gabonais.
Le 14 mai 2024, Ali Bongo, accompagné de ses fils Jalil et Bilal, a annoncé qu'il entrait en grève de la faim pour protester contre les sévices subis par sa famille. Depuis son renversement par un coup d'État le 30 août dernier, les tensions ne cessent de croître au sein de la nouvelle administration. La grève de la faim de Bongo, prédite par certains observateurs, a amplifié ces tensions, créant un vent de panique palpable.
Le lendemain, le 15 mai 2024, Sylvia Bongo a été sommée par un officier de l'armée gabonaise de changer d'avocat sous peine de rester incarcérée. Malgré cette menace, Sylvia a refusé de céder, opposant une fin de non-recevoir à l'émissaire du Palais Rénovation, le siège du pouvoir présidentiel.
La situation s'aggrave alors que Brice Oligui Nguema, l'actuel dirigeant, doit effectuer une visite en France à la fin du mois. Cette visite est particulièrement sensible car elle coïncide avec l'annonce de poursuites judiciaires en France contre plusieurs militaires gabonais accusés de tortures. Pour la première fois, les auteurs de ces atrocités pourraient être traduits en justice, brisant ainsi une longue tradition d'impunité au Gabon.
Sur le plan intérieur, la grève de la faim d'Ali Bongo suscite une vive inquiétude parmi les nouvelles autorités. Cette action a provoqué un véritable émoi au sein de l'armée gabonaise, et plus particulièrement au sein de la Garde Républicaine. Ali Bongo, qui a occupé le poste de ministre de la Défense pendant une décennie (1999-2009) avant de diriger le Gabon pendant 14 ans (2009-2023), maintient des liens étroits avec de nombreux officiers, dont certains sont ses proches ou ont été promus par lui.
L'onde de choc créée par cette grève de la faim ne se limite pas aux cercles militaires. Elle résonne également auprès de la population gabonaise, qui voit en cette action une lutte pour la justice et les droits humains. Les récits de tortures et de mauvais traitements endurés par Sylvia et Nourredine Bongo ont suscité une vague de soutien envers l'ancien président et sa famille, accentuant la pression sur le nouveau régime.
Les nouvelles autorités sont désormais confrontées à un dilemme délicat : réprimer davantage pour étouffer la contestation, au risque de renforcer le soutien populaire à la famille Bongo, ou tenter de trouver une solution négociée pour apaiser les tensions. Dans tous les cas, la situation reste extrêmement volatile et le futur du Gabon est plus incertain que jamais.
Cette crise met en lumière les fragilités structurelles du pouvoir gabonais et la complexité des dynamiques politiques internes. La grève de la faim d'Ali Bongo, au-delà de son aspect personnel, est devenue un symbole de résistance contre l'injustice et la brutalité. Elle pose la question cruciale de l'avenir de la démocratie et des droits humains au Gabon, un pays marqué par des décennies de gouvernance autoritaire.
Alors que les regards se tournent vers la visite de Brice Oligui Nguema en France, les actions des autorités gabonaises seront scrutées de près par la communauté internationale. La manière dont cette crise sera gérée pourrait bien déterminer l'orientation future du Gabon, tant sur le plan interne qu'externe.