En Mauritanie, l'ex-chef de l'État Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2019), condamné en décembre 2023 en première instance à 5 ans de prison ferme, a déposé au Conseil constitutionnel le 15 mai 2024 au soir son dossier de candidature pour la présidentielle du 29 juin. Son porte-parole a confirmé qu'il manquait quelques parrainages, mais qu'il espère pouvoir compléter son dossier dans les 48 heures. Quant à la question de ses droits civiques, il en jouirait encore, selon ses avocats, puisque l'ancien président a fait appel de sa condamnation. Détails.
En Mauritanie, les prétendants à l'élection présidentielle du 29 juin 2024 avaient jusqu'au 15 mai à minuit pour déposer leurs dossiers de candidatures avec les parrainages nécessaires : 100 conseillers municipaux dont cinq maires.
Huit candidats ont déposé leurs dossiers : parmi eux, l'actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le candidat du premier parti d'opposition Tawassoul, l'opposant Biram Dah Abeid. Et un dernier qui a provoqué la surprise : l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors que tous le pensaient hors course faute de parrainages nécessaires, l'ancien président, condamné en première instance à 5 ans de prison ferme et actuellement privé de liberté, a fait le déplacement.
Accueilli par des centaines de soutiens devant le Conseil constitutionnel, l'ancien président est arrivé à 23h30 avec la ferme intention de déposer son dossier. Son porte-parole, qui dénonce le fait que l'ancien président n'ait pas pu s'adresser à la presse, a confirmé qu'il manquait bien quelques parrainages, mais qu'il espère pouvoir compléter son dossier d'ici à 48 heures.
La question des droits civiques de l'ex-chef de l'État
Depuis plusieurs semaines, ses soutiens ainsi que plusieurs autres prétendants à l'élection dénoncent le système de parrainage actuel. Selon eux, il permettrait aux partis de la majorité présidentielle, qui détiennent la quasi-totalité des mairies, de choisir leurs concurrents. Des allégations fermement contestées il y a une semaine par le parti au pouvoir qui avait précisé que le Code électoral actuel est issu de différentes négociations avec les partis d'opposition.
Parmi les autres sujets de discordes autour de la candidature de l'ex-président : l'interprétation de l'article 28 de la Constitution mauritanienne qui prévoit que « le président de la République est rééligible une seule fois » (Mohamed Ould Abdel Aziz avait été réélu en 2014). Quant à la question de ses droits civiques, il en jouirait encore, selon les avocats, puisqu'il a fait appel de sa condamnation.
Les candidatures devront être validées par le Conseil constitutionnel avant la fin du mois.