La République islamique de Mauritanie s’achemine le 29 juin 2024 vers la seconde élection pluraliste et démocratique sous l’ère Ghazouani, au pouvoir depuis 2019, et qui sera sans doute, à son second et dernier mandat de cinq ans auquel la Constitution du pays lui donne droit.
Tout laisse croire, au regard des résultats obtenus par son parti El Insaf, lors des élections législatives, régionales et municipales du 13 mai 2023 et les 10 autres formations qui constituent la mouvance présidentielle, que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani part favoris pour ce scrutin, malgré les soupçons de fraude brandis à l’époque par l’opposition.
Ce scrutin ci-aura ceci de particulier, que presque un an le sépare des élections législatives, régionales et municipales. Mieux l’élection intervient dans un contexte où la Mauritanie, qui fait preuve d’une certaine stabilité parmi les états de la bande sahélienne, comme son voisin le Sénégal, va entrer dans l’ère de l’exploitation de son pétrole et de son Gaz.
Le syndrome de la « sélection » des candidats potentiels adversaires du président sortant plane néanmoins sur le scrutin, avec la non-participation décidée contre l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, condamné à 5ans de prison pour corruption et aussi à l’instar de 10 autres candidats pour défaut de parrainage. En effet, le système de parrainage requiert le soutien de 100 conseillers municipaux et 5 maires. Or le parti au pouvoir, qui a gagné 165 communes sur les 238 que compte le pays, dispose d’une arme redoutable contre ses adversaires à la recherche de parrains ayant cette qualité. Il constitue ainsi une majorité de blocage pour les 25 potentiels candidats.
A l’heure actuelle seul le parti de mouvance islamiste Tewassoul de l’opposition dispose du nombre d’élus municipaux requis.
Pour beaucoup d’observateurs la question qui est aujourd’hui posée, et sur laquelle le président sortant, qui par ailleurs est le président en exercice de la conférence des chefs d’Etats de l’Union Africaine, n’a pas répondu, reste celle du dernier mandat s’il est élu. N’est-on pas en train d’assister au même scénario observé ailleurs, où il s’agit ni plus ni moins que de mettre hors de course les vrais challengers pour s’ouvrir un boulevard pour une réélection sans bavure ?
Qui sait ? Dans la sous-région en tout cas, les faits semblent consacrer une jurisprudence du troisième, voire énième mandat. Le Togo par une réforme constitutionnelle en est arrivé à cette fin, à la suite de la Côte d’ivoire, et celle avortée du Sénégal. La Mauritanie franchira-t-elle le cap ?
Wait and see.