Chef de file de l'accès à une cuisson propre en Afrique, la Banque africaine de développement s'engage à hauteur de deux milliards de dollars lors d'un sommet historique

15 Mai 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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Le Groupe de la Banque africaine de développement s'est engagé à consacrer deux milliards de dollars sur dix ans à des solutions de cuisson propre en Afrique -- une étape majeure sur la voie qui permettra de sauver chaque année la vie de 600 000 personnes, principalement des femmes et des enfants.

S'exprimant lors d'un sommet historique sur la cuisson propre en Afrique qui s'est tenu hier à Paris, Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque, a déclaré que l'institution consacrerait désormais 20 % de l'ensemble de ses financements de projets énergétiques à la promotion d'alternatives sûres à la cuisson au charbon, au bois et à la biomasse.

Recevant les chefs d'État et de gouvernement, ainsi que les dirigeants d'organisations internationales au palais de l'Élysée pour discuter des résultats du sommet, le président français Emmanuel Macron a salué le rôle de leader et l'engagement de la Banque africaine de développement en faveur de la cuisson propre en Afrique. Le sommet a débouché sur des promesses de dons de 2,2 milliards de dollars de la part des secteurs public et privé.

« Dans le cadre du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, et avec l'engagement de la Tanzanie, de la Norvège, de l'Agence internationale de l'énergie, de la Banque africaine de développement et de nombreux autres partenaires, nous faisons aujourd'hui un pas en avant contre ce fléau silencieux. Nous mobilisons 2,2 milliards de dollars pour fournir des alternatives propres aux populations d'Afrique », a déclaré M. Macron. « La France s'engage à investir 100 millions d'euros sur cinq ans dans des solutions de cuisson propre et mobilisera encore davantage grâce au Pacte de Paris pour les peuples et la planète et à la Finance en commun. »

Dans son allocution prononcée hier lors de la séance plénière du sommet, le président de la Banque africaine de développement a noté que 1,2 milliard de personnes n'ont pas accès à des dispositifs de cuisson propre en Afrique, ce qui est effarant.

Le sommet était coprésidé par Samia Suluhu Hassan, présidente de la République-Unie de Tanzanie, Jonas Gahr Støre, Premier ministre de la Norvège, Akinwumi A. Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement et Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie.

Dans son vibrant discours, M. Adesina a déclaré qu'il était temps de mettre un terme au spectacle des femmes et des jeunes filles africaines, le dos courbé par de lourdes charges, marchant des kilomètres chaque jour, souvent dans des conditions peu sûres, simplement pour pouvoir préparer les repas quotidiens de la famille. Il a noté que les outils permettant un accès à une cuisson propre sont facilement disponibles et abordables, mais qu'ils n'ont pas été suffisamment priorisés.

« En conséquence, sur dix ans, six millions de personnes, principalement des femmes, mourront prématurément. C'est inacceptable », a-t-il déclaré lors du sommet auquel participaient une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement africains, des représentants de toutes les grandes organisations internationales et des entreprises mondiales.

« L'accès à une cuisson propre, c'est plus qu'une question de cuisine, c'est une question de dignité... C'est bien plus que l'allumage des cuisinières, c'est une question existentielle. C'est une question d'équité, de justice et d'égalité pour les femmes », a déclaré M. Adesina, se remémorant comment, dans sa jeunesse, il avait endommagé sa vue en soufflant dans des feux de bois fumants et comment l'un de ses amis était mort dans une explosion causée par du pétrole.

Le manque d'accès à une cuisson propre touche plus de deux milliards de personnes dans le monde, dont plus de la moitié en Afrique, qui cuisinent généralement sur des feux à ciel ouvert et des fourneaux rudimentaires. Utilisant du charbon de bois, du bois, des déchets agricoles et des excréments d'animaux comme combustibles, ces personnes inhalent des fumées et des vapeurs toxiques nocives qui ont des conséquences désastreuses sur leur santé.

C'est la deuxième cause de décès prématuré en Afrique. Les opportunités d'éducation, d'emploi et d'indépendance sont également gravement affectées parce que les femmes passent des heures chaque jour à chercher des combustibles rudimentaires.

« Ce sommet capital sur la cuisson propre en Afrique est le plus grand rassemblement de dirigeants et de décideurs politiques jamais organisé pour s'attaquer au problème de l'accès à une cuisson propre en Afrique. Nous pouvons y remédier », a ajouté M. Adesina. « Il n'y a rien d'amélioré dans la souffrance continue. Aucune femme en Afrique ne devrait encore avoir à cuisiner avec du bois de chauffage, du charbon de bois ou de la biomasse. Il est temps de rendre leur dignité aux femmes qui cuisinent en Afrique ».

L'engagement de la Banque à hauteur de 200 millions de dollars par an représente une contribution importante aux quatre milliards de dollars par an nécessaires pour permettre aux familles africaines d'avoir accès à une cuisson propre d'ici 2030.

Outre son bilan dramatique en matière de vies humaines, l'absence de dispositifs de cuisson propre est l'une des principales causes de la déforestation en Afrique.

Les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie montrent qu'à l'échelle mondiale, 200 millions d'hectares de forêt, dont 110 millions en Afrique, sont menacés par les effets climatiques de la cuisson au charbon de bois, à la biomasse et au bois. « Fournir l'accès à une cuisson propre n'est pas seulement correct, équitable et juste -- c'est aussi la chose responsable à faire à l'échelle mondiale », a déclaré M. Adesina dans son allocution lors de la session plénière du Sommet.

M. Adesina a salué l'événement auquel près de 60 pays ont participé, avec plus de 1 000 délégués présents, comme un tournant majeur sur une question qui est restée trop longtemps sans réponse.

Il a ajouté que les engagements annoncés lors du sommet vont au-delà du simple financement : ils définissent des mesures concrètes sur la manière dont les gouvernements, les institutions et le secteur privé peuvent travailler ensemble pour relever le défi de la cuisson propre au cours de cette décennie.

La présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a déclaré à l'assemblée que faire progresser l'agenda de la cuisson propre en Afrique contribuerait à la protection de l'environnement, du climat et de la santé, ainsi qu'à l'égalité entre les genres.

« Ce sommet souligne notre engagement à faire progresser cet agenda et à fournir un cadre pour l'adoption universelle de combustibles et de technologies de cuisson propre sur tout le continent », a-t-elle souligné.

La présidente Suluhu a lancé lors de la COP 28 un programme national visant à résoudre ce problème en Tanzanie, ainsi que dans d'autres régions d'Afrique, grâce au Programme de soutien aux femmes africaines pour une cuisson propre.

Elle a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu'elle assure une reconstitution audacieuse des ressources pour le prochain cycle triennal du Fonds africain de développement, le guichet de financement concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement. « Afin de garantir des ressources pour une cuisson propre, ce sommet doit appeler à une prochaine reconstitution généreuse des ressources du Fonds africain de développement, qui comprenne 12 milliards de dollars pour la cuisson propre » a exhorté la présidente Suluhu.

Le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, a déclaré : « Améliorer l'accès à une cuisson propre, c'est améliorer les résultats en matière de santé, réduire les émissions et créer des opportunités de croissance économique. Grâce au sommet d'aujourd'hui, nous avons mobilisé un soutien indispensable et construit un partenariat diversifié qui, ensemble, peuvent faire une réelle différence. La Norvège est un fervent partisan de la cuisson propre, et j'ai eu le plaisir d'annoncer aujourd'hui que nous nous engageons à investir environ 50 millions de dollars dans cette cause importante ».

« Ce sommet a permis de prendre un engagement ferme sur une question qui a été ignorée par trop de gens, pendant trop longtemps. Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais les résultats de ce sommet, 2,2 milliards de dollars d'engagements, peuvent aider à soutenir des droits fondamentaux tels que la santé, l'égalité des genres et l'éducation, tout en réduisant les émissions et en restaurant les forêts », a déclaré M. Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

M. Birol a indiqué que l'AIE s'appuierait sur les réalisations du sommet en continuant à jouer un rôle fédérateur afin de mobiliser davantage de partenaires désireux de s'engager et de générer de nouveaux fonds pour aider à atteindre les quatre milliards de dollars par an d'investissements en capital nécessaires d'ici 2030. Atteindre ce niveau de financement permettrait au monde de déployer les cuisinières et les infrastructures de livraison de combustibles nécessaires pour parvenir à l'accès universel à une cuisson propre en Afrique subsaharienne.

Dans ce contexte, le ministre danois de la Coopération au développement et de la Politique climatique mondiale, Dan Jannik Jørgensen, a salué l'initiative de la Banque africaine de développement de créer un sous-programme dédié à la cuisson propre dans le cadre du Fonds pour l'énergie durable en Afrique (SEFA).

Créé en 2011, le SEFA est un fonds spécial multidonateurs géré par la Banque. Il fournit un financement catalytique pour débloquer des investissements du secteur privé dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Il offre une assistance technique et des instruments de financement concessionnels pour éliminer les obstacles au marché, constituer une réserve de projets plus solide et améliorer le profil risque-rendement des investissements individuels.

La Banque africaine de développement a été un ardent défenseur de l'accès à une cuisson propre en Afrique. En juillet 2023, elle a publié avec l'Agence internationale de l'énergie un rapport détaillé sur les solutions de cuisson propre.

Lors de la COP 28, la Banque africaine de développement a organisé une table ronde sur la cuisson propre au cours de laquelle elle s'est engagée à allouer 20 % de ses prêts énergétiques annuels à la cuisson propre, mobilisant ainsi deux milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. La Banque a également soutenu l'initiative tanzanienne en faveur de la cuisson propre, qui vise à améliorer l'accès des femmes aux solutions de cuisson propre, lancée par la présidente Samia Suluhu Hassan lors de la COP 28.

L'Asie -- avec la Chine et l'Inde en tête -- et l'Amérique latine ont, pour la plupart, réussi à résoudre ce problème au cours des 20 dernières années. Cependant, aujourd'hui, au Bénin, en Éthiopie, au Liberia, en République démocratique du Congo, en Tanzanie... plus de 80 % de la population dépend encore de la biomasse pour cuisiner ses repas. Au Nigeria, au Kenya ou au Ghana, ce chiffre s'élève à 70 %.

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