C'est le contraire qui aurait étonné! En effet, sans surprise, le Conseil constitutionnel tchadien a confirmé, dans la soirée du 16 mai 2024, la victoire du Général Mahamat Idriss Deby Itno à la présidentielle du 6 mai dernier, avec plus de 60% des suffrages exprimés. L'institution vient ainsi doucher les espoirs du candidat malheureux, Succès Masra, qui l'avait saisie d'un recours pour contester la victoire de celui-là même dont il était le Premier ministre, il y a encore quelques semaines, en demandant, notamment l'annulation pure et simple du scrutin.
Le Général Deby que l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE) avait déjà annoncé vainqueur le 9 mai dernier, vient, par la décision du Conseil constitutionnel, de légitimer son pouvoir et ce, après trois ans de transition qu'il a conduite d'une main de fer, et devient le cinquième président de la République du Tchad.Que pouvait-on vraiment attendre de cette institution qui, comme bien d'autres dans ce pays, est acquise à la cause du prince régnant ? En effet, le successeur à son père qui s'est porté candidat à cette élection, malgré les oppositions et contestations de la classe politique et de la société civile, pouvait-il prendre le risque de voir lui échapper ce pouvoir hérité de son père ? C'est dire si on était loin du miracle qui ne s'est pas produit. Car, dans ce pays, à l'instar de bien d'autres sous nos tropiques, l'adage est bien connu et est même célèbre: on n'organise pas des élections pour les perdre.
Au Tchad, le pouvoir de papa ne se donne pas.
L'élection de Deby-fils n'était donc qu'une formalité, que tout le monde voyait venir. Ça aurait même été rêver debout que de s'attendre à une défaite du chef de la junte à l'issue de cette élection. En effet, le candidat du Mouvement patriotique du salut (MPS), formation politique de son défunt père, a travaillé à écarter de sa route, les candidats capables de lui tailler des croupières, afin de mieux garder sa chose. Et ce n'est pas son cousin et farouche opposant, Yaya Dillo, à qui il a fait la peau, qui dira autre-tombe le contraire.
Fin stratège militaire, le général de corps d'armée qui a troqué le treillis contre le boubou et le bonnet blanc depuis la mort de son géniteur dans les conditions que l'on sait, a bien prouvé qu'il est également un animal politique bien futé. En effet, Mahamat Idriss Deby Itno a réussi à apprivoiser de redoutables opposants dont Saleh Kebzabo et Succès Masra, pour ne citer que ces deux, qui ont, l'un après l'autre, été respectivement Premier ministre sous son magistère. Visiblement, au Tchad, le pouvoir de papa ne se donne pas. Et Deby-fils en a donné la preuve. On pourrait même dire, sans risque de se tromper, que le fils est en train de marcher dans les pas du père. Et avec ce premier quinquennat qu'il vient de s'offrir, il prolonge le règne des Deby à la tête du Tchad, puisque le père, le maréchal Idriss Deby Itno, «le Warrior» du Sahel ainsi qu'on le surnommait, avait déjà fait 30 ans au pouvoir. On est donc bien parti pour une dynastie sans fin.
Ainsi va l'Afrique !