Au Tchad, le Conseil constitutionnel a confirmé jeudi 16 mai l'élection de Mahamat Idriss Déby à la présidence du pays, avec 61 % des suffrages, loin devant Succès Masra et Albert Pahimi Padacké. Le Conseil a repoussé les recours déposés par ces deux hommes contre les résultats de la présidentielle du 6 mai dernier.
Au Tchad, le président du Conseil constitutionnel Jean-Bernard Padaré a passé de longues minutes à détailler la décision de l'institution pour motiver le rejet des recours, dont celui d'Albert Pahimi Padacké. Ce dernier demandait l'annulation des votes dans cinq provinces, dans l'espoir de monter à la deuxième place du scrutin.
Dans 12 points présentés, le parti de Succès Masra réclamait pour sa part l'annulation totale de l'élection, s'appuyant sur son propre décompte pour se prévaloir de la « vérité des urnes ».
Il n'y a « pas assez de preuves et pas assez de précisions dans les allégations », a tancé le Conseil, face au siège vide du candidat numéro 7. Celui-ci, réservé à Succès Masra, était l'un des deux seuls adversaires de Mahamat Idriss Déby à avoir boudé cette cérémonie.
Les rectifications apportées par le Conseil aux chiffres de l'autorité électorale (Ange) sont marginales. Le président de la transition est officiellement élu avec 61 % des voix, contre 18,54 % pour son Premier ministre, et 16,93 % pour Albert Pahimi Padacké. Le taux de participation est lui de 75,78 %.
Succès Masra joue l'apaisement et reconnaît ne plus avoir de recours
Peu après ces annonces, Succès Masra s'est exprimé sur les réseaux sociaux, choisissant de jouer l'apaisement : pas de déclaration forte, le contraire de jeudi dernier lorsqu'il avait affirmé que les chiffres avaient été truqués. Succès Masra reconnaît ne plus avoir de voies de recours juridiques. Mais il a appelé à préserver son pays, à être patients, à servir le peuple « à tous les échelons ».
Néanmoins, « le changement est irréversible » dit-il, ajoutant que « le soleil de la vérité est fixe ». Succès Masra appelle à reprendre le bâton du pèlerin et à poursuivre la mobilisation pour un « Tchad nouveau », sans céder aux provocations.
De son côté, Albert Pahimi Padacké était lui représenté par son directeur de campagne. Celui-ci a regretté le rejet des recours de son candidat contre les résultats de cinq provinces, mais s'incline devant la décision du Conseil et estime que la page de la présidentielle est désormais tournée.
Le calme régnant à Ndjamena
Jeudi 9 mai, l'annonce des résultats provisoires avait été suivie de nombreux tirs, présentés comme des tirs de joie, mais qui ont fait au moins 10 morts. Ce jeudi, l'ambiance à Ndjamena était radicalement différente après l'annonce du Conseil constitutionnel. Pas de crépitement d'armes, pas de déploiement massif de blindés et d'uniformes, pas d'attroupements. Le centre-ville se trouvait très calme et même en grande partie déserté, « digne d'un dimanche après-midi », selon un habitant.
Les hiérarchies policière et militaire avaient rappelé l'interdiction des tirs.
De nombreuses personnes, craignant des débordements, ont également pris leurs dispositions pour partir tôt : beaucoup d'organismes, comme le système de l'ONU ou la Banque mondiale, avaient aussi demandé à leurs employés de travailler de chez eux.