Guinée: Procès du 28-Septembre - Le parquet requiert la perpétuité contre Dadis

Dadis Camara

Audience après audience, on s'achemine inexorablement vers la ligne d'arrivée de cet interminable marathon judiciaire qui a cours en Guinée depuis près de 20 mois.

Plus d'un an et demi donc pour démêler l'écheveau criminel du 28 septembre 2009. Ce jour-là, des manifestants aux mains nues ont été littéralement massacrés, tués, violés et violentés par des soudards à la solde du régime.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui s'était emparé du pouvoir le 24 décembre 2008 à la mort du président Lansana Konté pour une Transition, avait finalement choisi de légaliser son affaire en se présenter à l'élection présidentielle contre l'avis d'une bonne partie de la classe politique et de l'opinion guinéenne.

A l'appel de l'opposition, des milliers de manifestants s'étaient rassemblés au stade éponyme pour s'opposer au projet du chef de la junte lorsque les militaires ont débarqué. Bilan de ce lundi noir, au moins 157 morts, 1500 blessés et une centaine de femmes violées qui portent toujours les indicibles stigmates de cette journée d'horreur. Il aura fallu attendre treize ans après les faits pour que s'ouvre le 28 septembre 2022, dans le tribunal criminel de Dixinn, le procès.

A la barre 11 accusés, parmi lesquels Moussa Dadis et son ancien aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba.

Depuis hier, on sait désormais à peu près le tarif qui ira à chacun même si, pour le moment, il ne s'agit que de simples réquisitions. Le magistrat Alghassimou Diallo a souhaité qu'il plaise au tribunal de condamner Moussa Dadis Camara, Moussa Tiégboro Camara, Blaise Goumou, Abdoulaye Chérif Diaby, Marcel Guilavogui et Claude Pivi à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans. Même peine, mais cette fois par défaut, contre Alpha Amadou Baldé. Il a en outre requis 15 ans de réclusion criminelle contre Ibrahima Camara, dit Kalonzo, Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, et Paul Mansa Guilavogui, et 14 ans de réclusion criminelle contre Mamadou Aliou Keïta et Cécé Raphaël Haba.

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Au regard de ces réquisitions, on peut dire que certains s'en sortent beaucoup mieux, à l'exemple de Toumba qui avait été présenté comme l'un des cerveaux de l'opération. C'est à croire que ses shows à l'audience ont servi à quelque chose, sous réserve du verdict final.

Le parquet a également souhaité la requalification des faits en crime contre l'humanité, susceptible donc d'être jugés par la Cour pénale internationale de La Haye. Le ministère public rejoint en cela la partie civile, qui n'a cessé ces derniers temps de demander cette requalification.

Après la phase des réquisitions, l'avant-dernière étape sera la plaidoirie des avocats de la défense avant que le tribunal ne se retire pour délibérer.

Qu'il s'agisse de la requalification des faits ou des peines demandées, il est difficile, pour le moment, de savoir si les juges suivront le parquet dans toutes ses prétentions.

Mais une chose est sûre, en attendant le verdict final, la justice sera passée, quelle qu'elle soit. Et on espère qu'elle contribuera à apaiser les âmes en détresse des disparus et les coeurs meurtris de ceux qui portent dans leur chair et leur être les blessures physiques et morales de cette journée à jamais tragique.

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