La start-up Susu rapproche les continents pour sauver des vies

26 Mai 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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Dans un studio de musique parisien, les mains de Fiona Glai battent la mesure sur sa batterie, insufflant une belle énergie dans la pièce. Soudain, la sonnerie de son téléphone interrompt brusquement cet interlude musical. Le nom de sa mère apparaît sur l'écran, et immédiatement, Fiona décroche.

À des milliers de kilomètres, à Abidjan, son père souffre de douleurs intenses au coeur et dans la poitrine. La situation s'annonce critique ; un infarctus est à craindre.

En Afrique subsaharienne, les maladies cardiovasculaires et d'hypertension sont courantes, exacerbées par l'absence d'une couverture santé adéquate.

Devant l'urgence, Fiona se tourne vers Susu, une start-up de la Medtech fondée en 2019, qui facilite l'accès à des services de santé grâce aux fonds envoyés par la diaspora africaine en Europe. Fiona est un des souscripteurs de Susu, entreprise qui a vu le jour après une tragédie vécue par sa fondatrice, Bola Bardet.

L'histoire de Susu débute donc tragiquement en 2017. Bola perd son père à 65 ans, victime de complications liées à l'hypertension, à plus de 5 000 kilomètres d'elle, au Bénin. Déterminée à changer le destin de nombreux autres malades, Bola abandonne sa carrière de consultante pour lancer Susu et révolutionner l'assurance-maladie en Côte d'Ivoire. « Le décès de mon père m'a profondément bouleversée. Je ne viens pas du secteur médical, ni de l'assurance. J'ai mis environ un an à déployer Susu, apprenant à grande vitesse le fonctionnement des secteurs de la santé et des assurances, dont j'ignorais absolument tout », raconte-t-elle.

Bola Bardet rappelle une réalité frappante : « seulement 3 % de la population africaine a accès à une assurance santé, soit une infime fraction du 1,6 milliard de personnes vivant sur le continent. Chaque année, 30 milliards d'euros sont envoyés par la diaspora africaine en Europe à leurs proches sur le continent, dont six milliards pour des soins de santé. « Cet argent existe, il est juste mal fléché, mal utilisé, parfois malheureusement détourné par les proches pour d'autres utilisations », regrette la jeune femme. Susu redirige ces fonds de manière efficace et transparente.

En 2019, Susu comptait seulement 20 assurés et deux employés, lancée avec 20 000 euros investis par Bola elle-même. Aujourd'hui, ce chiffre a été multiplié par 1 000. C'est grâce à des souscripteurs comme Fiona que cette croissance exponentielle a été rendue possible. « Au début, les membres de Susu se comptaient sur les doigts de la main. Nous avons maintenant 50 employés répartis dans cinq pays : Côte d'Ivoire, Sénégal, Cameroun, République démocratique du Congo et France, notre siège », lance Bola avec un sourire. « Nous avons aussi levé quatre millions d'euros auprès d'investisseurs de renom comme la Banque africaine de développement et l'Union européenne qui nous ont activement soutenus. »

Sur l'autre continent, à Abidjan, un véhicule médical de Susu fend le trafic dense de la métropole ivoirienne. Au volant, le docteur Kolia, qui a rejoint l'équipe Susu il y a six mois. Il se rend à Yopougon, grand quartier populaire à l'Ouest d'Abidjan, au chevet d'un octogénaire pris de douleurs au coeur. Cet homme, c'est le père de Fiona. Grâce à l'intervention rapide de Susu, son père est pris en charge à temps.

Sa mère, soulagée, envisage sereinement la célébration du 46e anniversaire de leur mariage.

L'histoire de Fiona et de son père illustre l'impact vital d'une start-up comme Susu, dont la noble mission a été soutenue par la Banque africaine de développement et l'Union européenne à travers le fonds à impact Janngo.

En offrant des solutions de santé accessibles et fiables, Susu révolutionne ainsi la couverture médicale en Afrique, traçant un solide trait d'union entre les deux continents.

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