Afrique de l'Ouest: Le nouveau président sénégalais à Bamako et à Ouaga - Mission délicate pour Diomaye Faye

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marche avec le chef de la junte malienne Assimi Goita, à Bamako, Mali le 30 mai 2024.

C'est un voyage pas comme les autres que Bassirou Diomaye Faye va effectuer le jeudi 30 mai 2024. Le nouveau président sénégalais est en effet attendu aujourd'hui à Bamako et à Ouagadougou.

Il poursuit ainsi ses visites à ses pairs depuis qu'il a été investi le 2 avril dernier. Une tournée africaine qui l'a déjà conduit en Gambie, en Mauritanie, en Guinée Bissau, au Cap-Vert, en Guinée, en Côte d'Ivoire, au Nigeria et au Ghana. Si dans ces différents pays, c'était plus des visites de courtoisie et des prises de contacts plutôt relaxes, c'est une autre paire de manches qui attend le numéro un sénégalais dans les capitales malienne et burkinabè. Il débarque en effet dans des pays dirigés par des militaires, depuis août 2020 pour le Mali et septembre 2022 pour le Burkina.

Les deux pays en compagnie du Niger ont décidé en janvier dernier de claquer la porte de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), coupable à leurs yeux d'avoir manquer de solidarité au profit des trois pays en proie au terrorisme et d'être sous influence étrangère.

Dans son discours d'investiture, Bassirou Dimaoye Faye avait déclaré du haut de sa prestigieuse tribune qu'il comptait oeuvrer au retour de ces membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) au sein de la CEDEAO.

En plus de cette auto-saisine, il a par la suite été investi de cette mission d'importance par certains de ses pairs, notamment Bola Tinubu le Nigérian, le Ghanéen Nana Akufo-Addo et l'Ivoirien Alassane Ouattara.

Il faut reconnaître qu'il est plus en phase pour discuter avec le colonel Assimi Goïta, le capitaine Ibrahim Traoré, en attendant sans doute prochainement le général Abdourahamane Tchiani, dans la mesure où les leaders du Pastef n'ont jamais fait mystère de leur vocation panafricaniste et souverainiste, même s'ils ne vont pas jusqu'à vouloir découper la racaille impérialiste au Karcher . En tout cas pour le moment. BDF peut donc revendiquer quelques atomes crochus avec les putschistes sahéliens qui peuvent lui être utiles dans sa délicate mission. Le petit fonds commun est donc déjà là pour faciliter les échanges.

Mais le missi dominici de la CEDEAO pourra-t-il convaincre les trois frères sahéliens de revenir dans la maison commune au prix forcément d'un nouveau lustre et de réformes en profondeur de l'organisation? Difficile de répondre mais le médiateur Faye a certains atouts entre ses mains, notamment le fait d'être nouveau, donc a priori neutre et vierge de toute critique.

Reste à savoir si ses interlocuteurs de Koulouba (au Mali et au Burkina) qui avaient tous déclaré que leur décision était irrévocable et qu'il n'était pas question sous quelle que forme que ce soit de revenir sur leurs décisions seront sensibles aux arguments que leur hôte va développer. C'est donc dans une certaine mesure sur un terrain miné BDF s'aventure.

Espérons qu'il saura faire entendre raison aux dirigeants sahéliens qui au fond ne veulent juste pas se voir imposer le diktat de la CEDEAO. Et c'est peut être plus ça que pour des raisons profondes qu'ils ont décidé de couper le cordon ombilical qui les reliait à Abuja.

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