Le conflit entre le repreneur des activités de TotalEnergies et de la société d'importation de carburant camerounaise gagne en intensité. Cette dernière réclame à l'entreprise française plus de 2,5 millions d'euros au titre de dettes impayées.
« Cette somme représente le solde des factures des produits pétroliers qui ont été livrés et qui est resté impayé », selon la mise en demeure datée du 30 mai présentée à Tamoil. D'après une source gouvernementale, la société française qui a repris les activités de TotalEnergies en Centrafrique, aurait récupéré des cuves de stockage d'essence vides et aurait été obligée d'importer de grandes quantités de carburants via la société Neptune. Des livraisons qu'elle n'aurait pas été en mesure de rembourser, toujours selon cette même source.
Pour rappel, depuis septembre dernier, le ministère des Hydrocarbures a confié l'exclusivité d'importation des produits pétroliers dans le pays à l'entreprise camerounaise Neptune Oil. Cette décision a mis dans l'embarras Tamoil dont la principale marge se faisait sur l'importation et la revente de carburant. Une source proche de la société française dénonce une volonté de l'asphyxier.
Cependant, cette crise ne concerne pas seulement les stations services françaises. Difficile d'obtenir du carburant aux pompes de Tradex par exemple. Le ministre des Hydrocarbures centrafricain Arthur Piri pointe à nouveau la faute de Tamoil. Ses manquements supposés créeraient des tensions dans la distribution. Or, pour certains observateurs, les difficultés d'approvisionnement de l'ensemble des stations service du pays mettraient en évidence un problème généralisé d'importation des carburants et incriminerait plutôt la société Neptune. Ils questionnent également le lien privilégié qu'entretient cette entreprise camerounaise avec les autorités centrafricaines.
Dans ce contexte, une campagne de communication intensive est menée depuis plusieurs semaines contre le repreneur de Total. Alors que ce dernier met en avant ses investissements ayant notamment permis la réouverture de deux stations essence en province et la remise aux normes des laboratoires à l'aéroport. Ce qu'a pu défendre Enguerrand Rochefort, le président de la banque d'affaires propriétaire de la filiale du pétrolier en Centrafrique, auprès du président Touadera lors de sa dernière visite fin avril à Paris.
Le secteur des hydrocarbures est crucial et suivi de près par le FMI. Dans son dernier communiqué du 20 avril, l'institution appelait à la « mise en oeuvre effective des réformes » dans ce domaine. La croissance économique dépend de « façon cruciale [alerte-t-il] de la réussite de la campagne d'importation de carburants par le fleuve ».
Quelque 80% des importations de carburant se font par voie fluviale pendant la saison des pluies, précisent les autorités centrafricaines. Une source au fait du dossier reconnaît que les réserves stratégiques sont actuellement basses. Mais elle souligne que la campagne d'approvisionnement via le fleuve n'a pas encore commencé en raison du niveau de l'eau. Rien d'inquiétant pour l'heure selon lui, d'autant que les camions citernes continuent d'assurer le transport des produits pétroliers depuis Douala.