Au premier sommet entre la Corée du Sud et l'Afrique, la grande opération séduction sud-coréenne vers le continent se poursuit ce mercredi 5 juin. La première journée, mardi 4 juin, a été consacrée aux prises de paroles de la vingtaine de chefs d'État et de gouvernement à avoir fait le déplacement à Séoul. Si les intentions sud-coréennes sont assez claires, sécuriser l'approvisionnement de minerai essentiel pour son industrie des semi-conducteurs, les pays africains ont eux aussi exprimé leur vision du partenariat.
Les sommets entre un continent et un pays disposent d'une limite, chaque État arrive avec ses intérêts propres. À l'image de la Tanzanie venue signer un prêt de 2,5 milliards de dollars, et octroyer en contrepartie un accès à la Corée du Sud aux minerais dont dispose le pays.
« La Tanzanie travaille actuellement avec les entreprises coréennes sur l'extraction de graphite. Nous invitons d'autres partenariats dans l'exploration, extraction et la valorisation des minerais essentielles », a déclaré la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan.
Un marché de 400 millions de consommateurs
Le président ivoirien Alassane Ouattara a lui aussi détaillé les secteurs dans lequel il espérait améliorer la coopération avec la Corée du Sud. « Je voudrais encourager le secteur privé coréen et ivoirien à interagir afin de tirer profit des opportunités d'investissement, notamment dans la transformation du cacao, dont nous sommes le premier producteur mondial, de l'anacarde (noix de cajou, ndlr) aussi où nous sommes le premier producteur mondial du caoutchouc naturel. Dans le domaine de la transition digitale, de l'innovation et de l'industrie automobile ».
Le président du Togo, Faure Gnassignbé a également plaidé sa cause : « Le Togo bénéficie d'un positionnement stratégique au carrefour de l'Afrique de l'Ouest. Il dispose d'un port en eau profonde important. Il était donc naturel pour le Togo de se développer comme un hub régional et de s'ouvrir sur l'Afrique de l'Ouest un marché de 400 millions de consommateurs en pleine transformation. »
Un argument de poids pour la Corée du Sud dont l'économie est largement tournée vers l'exportation.
« Les entreprises sud-coréennes disposent des technologies »
Mardi 4 juin, lors de la première journée du sommet Corée-Afrique à Séoul, les discussions ont tourné autour de l'aide au développement et les investissements apportés par Séoul. Mais les intérêts sud-coréens pour le continent ne sont évidemment pas désintéressés. De nombreuses annonces concernant les minerais essentiels, vitale à la production de semi-conducteur, mais aussi le secteur de l'énergie ont été faites.
Cho Won-Bin, professeur de politique africaine à l'université Sunk-gyun-kwan de Séoul et spécialistes des relations entre la Corée et l'Afrique expose les origines économiques de l'intérêt sud-coréen pour le continent. « Les entreprises sud-coréennes disposent des technologies, mais nous avons besoins de ressources naturelles. Et il y a des tensions entre la Chine et les États-Unis. Comme la Corée du Sud est très performante dans le domaine des batteries électriques et des semi-conducteurs, nous avons besoins de ressources essentielles dans ce domaine », dit-il.
« Pour l'instant, cela dépend de l'approvisionnement chinois, mais les États-Unis refusent qu'on les utilise dans les chaines de production, nous devons donc trouver des alternatives et je pense que nos entreprises sont très intéressées par les minerais en Afrique. Nous avons déjà investi le Mozambique pour le gaz naturel et la Tanzanie pour le charbon, donc ce n'est que le début », poursuit-il. Des accords concernant l'exploitation de minerais ont déjà été signés par la Corée du Sud avec la Tanzanie et l'Éthiopie.