Après les partenaires traditionnels constitués essentiellement des anciennes puissances coloniales que sont la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, l'Afrique s'ouvre de nouveaux horizons dans ses relations avec le reste du monde.
Et à la suite de la Chine, du Japon, de l'Inde, du Brésil, de la Turquie qui sont, entre autres, autant des puissances émergentes qui ont créé un cadre de coopération et de relations privilégiées avec l'Afrique, la Corée du Sud qui pointe aujourd'hui au rang de dixième puissance économique mondiale, vient de lancer son premier sommet avec le continent noir.
Un sommet qui se tient les 4 et 5 juin 2024 à Séoul et qui verra la participation d'une quarantaine de pays africains sur la cinquantaine que compte ce continent considéré comme le berceau de l'humanité. Preuve de l'importance que les pays africains, dans leur grande majorité, accordent à ce rendez-vous de la capitale coréenne, qui est censé leur ouvrir de nouvelles perspectives avec ce pays d'Asie de l'Est dont l'ascension fulgurante peut être riche en enseignements pour un continent encore à la recherche de ses marques.
Toujours est-il qu'en répondant massivement à l'invitation de Séoul, les pays africains traduisent leur volonté de s'ouvrir toujours à de nouveaux partenaires. Et avec ce premier sommet qui en appellera sans doute d'autres en ce qu'il vient ouvrir une nouvelle ère de coopération, c'est la liste des courtisans de la belle demoiselle Afrique, qui s'allonge.
Les sommets se suivent et se ressemblent
Cela dit, il appartient au continent noir de savoir tirer profit de ses relations diversifiées dont les populations n'attendent que des retombées visant à l'amélioration de leurs conditions de vie. Malheureusement, en plus de soixante ans d'indépendance, le constat amer que l'on fait est que l'Afrique a beau multiplier les sommets et les partenaires, elle a encore bien du mal à amorcer véritablement son développement.
Une situation qui appelle à une véritable introspection au regard des énormes potentialités de ce continent dont les richesses sont l'objet de toutes les convoitises, mais qui a du mal à amorcer son décollage économique. En un mot comme en mille, les sommets se suivent et se ressemblent. Mais la situation de l'Afrique ne change pas.
C'est à se demander si les dirigeants africains ont vraiment le souci des intérêts de leurs pays respectifs et s'ils se prennent eux-mêmes au sérieux dans leurs relations avec les autres dirigeants du monde. Autrement, comment comprendre qu'un seul dirigeant d'Asie, d'Amérique ou d'Europe, puisse réunir autour de lui, une quarantaine de ses pairs africains vite accourus, comme s'ils se rendaient à une fête foraine ?
Ce n'est pas de cette manière que l'Afrique se fera respecter et que ses dirigeants seront en mesure de discuter d'égal à égal avec leurs pairs d'autres nations. C'est dire si aussi opportuns que puissent paraître ce genre de sommets, il y a d'autant plus quelque chose à revoir dans le format d'organisation que ce n'est pas demain la veille qu'un dirigeant africain réussira à réunir autour de lui plusieurs de ses pairs d'autres continents.
Ceci étant, d'Ankara à New-Delhi en passant, entre autres par Pékin, Tokyo et Brazilia, l'Afrique a beaucoup à apprendre de l'histoire de ces pays émergents qui ont travaillé à s'émanciper de toute tutelle dominatrice pour asseoir les bases de leur développement.
L'Afrique doit savoir tirer profit de la diversification des partenariats
Et, la Corée du Sud qui comptait parmi les pays du tiers-monde au moment où la plupart des pays africains accédaient à l'indépendance dans les années 1960, fait partie des quatre dragons asiatiques dont le modèle de développement reste un exemple pour de nombreux pays émergents, qui devrait inspirer l'Afrique.
En tous les cas, s'il n'est un secret pour personne que la Corée du Sud a réussi son « miracle économique », entre autres, par sa forte industrialisation et la stimulation de ses exportations, l'Afrique devrait songer à emprunter le même chemin.
En attendant, ce premier sommet Afrique-Corée du Sud, vient marquer les nouvelles ambitions du pays de Yoon Suk -Yeol décidé à se frayer un chemin dans le dédale des relations internationales, en créant son espace de coopération avec le continent noir connu pour être un vaste marché de consommation et qui dispose aussi d'importantes réserves de matières premières.
Toujours est-il que devenu le champ de rivalités des grandes puissances, l'Afrique doit savoir tirer profit de la diversification des partenariats pour tendre vers un rééquilibrage des termes de l'échange. C'est à ce prix qu'elle pourra espérer transformer le handicap de sa trop forte dépendance de l'extérieur en opportunité de développement pour mieux s'affirmer dans le concert des nations.