Le secteur privé suisse veut prendre une part plus importante dans les opérations du Groupe de la Banque africaine de développement en Afrique. Cette volonté a été exprimée lors d'une visite d'une mission économique helvétique au siège de la Banque à Abidjan, le 23 mai 2024.
Ivo Germann, directeur des Affaires économiques extérieures au Secrétariat d'État suisse à l'économie (SECO) accompagné d'Anne Lugon-Moulin, ambassadrice, cheffe de la mission suisse en Côte d'Ivoire, a été reçu par la vice-présidente principale de la Banque, Bajabulile Swazi Tshabalala, qui avait à ses côtés le vice-président chargé de l'Électricité, de l'Énergie, du Climat et de la Croissance verte, Kevin Kariuki, la vice-présidente chargée du Développement régional, de l'Intégration et de la Prestation de services, Marie-Laure Akin-Olugbade. Ils étaient assistés de plusieurs collaborateurs.
La vice-présidente principale Swazi Tshabalala a indiqué d'emblée que la Suisse est un des partenaires privilégiés de la Banque africaine de développement. « Il y a beaucoup de convergence entre nos priorités et les vôtres. Nous venons de lancer notre nouvelle stratégie décennale qui entend répondre aux défis auxquels fait face l'Afrique, dont la réforme de l'architecture financière internationale, les changements climatiques, l'emploi des femmes et des jeunes du continent qui cherchent un avenir meilleur. La Banque a une position assez spéciale en Afrique », a-t-elle ajouté.
M. Germann conduisait une mission économique d'une quinzaine de chefs d'entreprise en tournée en Afrique, notamment en Côte d'ivoire et au Sénégal. « Les compagnies suisses sont intéressées de savoir comment profiter de la convergence d'objectifs autour de certains secteurs en Afrique. Elles veulent participer aux efforts de la Banque et peuvent apporter une expertise de haute qualité », a-t-il souligné.
Il a également salué en la Banque un partenaire privilégié qui peut offrir des opportunités aux compagnies suisses, et a parlé d'enjeux majeurs comme l'industrialisation. Il s'est toutefois dit préoccupé par l'importance du secteur informel et la transparence dans les affaires, entre autres.
Frank Mvula, le directeur du Département de la gestion fiduciaire et financière à la Banque, a écarté ces préoccupations en intervenant sur les principes directeurs de la passation des marchés de la Banque et les conditions d'éligibilité. « Les procédures de la Banque respectent les principes de transparence, de publicité des offres et de compétition, avec des régimes propres aux différents types de marchés. Toutes les informations sur les opportunités sont publiées et accessibles en ligne », a-t-il indiqué.
Michael Rheinegger, du Swiss-African Business Circle, principale association indépendante favorisant les contacts d'affaires et liens entre la Suisse et l'Afrique, a exprimé, au nom des membres du secteur privé, « la nécessité d'avoir les bons contacts au sein de la Banque pour des discussions plus ciblées et plus approfondies. »
Le vice-président Kariuki a présenté le potentiel énorme en matière d'énergie sur le continent notamment dans les énergies renouvelables et les opportunités d'interconnexion entre les pays. Il a invité les entreprises suisses à explorer également les opportunités dans ce domaine d'avenir pour le continent.
Dans sa stratégie décennale, la Banque met en avant la participation du secteur privé dans ses projets de développement. Le système d'approbation des projets le Conseil d'administration de la Banque est fondé sur une documentation exhaustive incluant des études détaillées de faisabilité des projets réalisées au niveau des pays, et le secteur privé est pris en compte dans la mise en oeuvre de la plupart de ces projets, a expliqué Marie-Laure Akin-Olugbade.
Luciano Ferreira, chef du service des achats et des contrats de la compagnie AquaSwiss, spécialisée dans la désalinisation et le traitement de l'eau, s'est enquis des opportunités dans ce domaine avec la Banque
Répondant à cette préoccupation, Aida Ngom, directrice du Département du développement du secteur privé, a cité l'exemple du « Kigali Bulk Water Supply Project », le premier projet de production d'eau indépendant à grande échelle au Rwanda, sous le modèle du partenariat public-privé (PPP) entre le gouvernement du Rwanda et Kigali Water Limited.
Marie Laure Akin-Olugbade a encouragé les compagnies suisses à développer des coentreprises avec les entreprises africaines pour obtenir une plus grande visibilité.
M. Germann était officiellement assisté d'Adam Baha, responsable pays pour l'Afrique et le Moyen Orient de SECO, et de Felix Wanner, coordinateur régional suppléant pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre à la division Afrique du ministère suisse des Affaires étrangères. La quinzaine d'hommes d'affaires suisses qui a assisté à la rencontre a pris bonne note des orientations données par les responsables de la Banque.
Les membres de la délégation du secteur privé suisse ont également été invités à prendre part en fin d'année au Maroc aux Market Days de l'Africa Investment Forum, le principal marché de l'investissement en Afrique qui met en relation porteurs de projets bancables et investisseurs.