Assemblées annuelles 2024 - La communauté scientifique africaine plébiscite le projet de création de l'Institut de la renaissance africaine pour la science et la technologie

Dans le cadre de ses Assemblées annuelles 2024, la Banque africaine de développement a organisé une session de haut niveau avec la communauté scientifique africaine issue de tous horizons
11 Juin 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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Dans le cadre de ses Assemblées annuelles 2024, la Banque africaine de développement a organisé une session de haut niveau avec la communauté scientifique africaine issue de tous horizons, pour discuter du projet de mise en place de l'Institut de la renaissance africaine pour la science et la technologie (ARIST, de l'anglais : African Renaissance Institute for Science and Technology). La communauté scientifique africaine et de la diaspora, présente à cette rencontre, a plébiscité le projet.

Hendrina Chalwe Doroba, cheffe de Division éducation et développement des compétences de la région Afrique de l'Est à la Banque, a posé les termes de la discussion en mettant l'accent sur l'importance de la recherche et de l'innovation dans la transformation de l'Afrique.

« Selon l'UNESCO, en Afrique, seuls 22 % des étudiants poursuivent des carrières dans les domaines des sciences, des technologies, de l'ingénierie et des mathématiques, contre 24,3 % en Europe et en Asie centrale et 25,6 % en Asie de l'Est et dans le Pacifique. », a-t-elle déclaré.

L'insuffisance des allocations budgétaires nationales et la faiblesse des politiques, en particulier pour l'enseignement supérieur en Afrique sont en cause. Seulement entre 0,2 % et 0,9 % du PIB des pays africains est consacré à l'enseignement et à la formation techniques et professionnels et à l'enseignement supérieur, contre 1,24 % du PIB dans les pays à revenu élevé, a-t-elle précisé.

C'est forte de tous ces constats que la Banque africaine de développement propose la création d'un Institut de la renaissance africaine pour la science et la technologie afin de former une masse critique d'Africains et les aider à devenir les moteurs de la transformation économique du continent, a-t-elle ajouté.

Les enjeux et les pistes indiquées

Des hommes et des femmes de science, d'universités africaines et hors d'Afrique, ont posé les enjeux pour l'Afrique de la mise en place de l'Institut, sous l'angle de leurs spécialités pointues : biologie et cytogénétique, chimie organique, aéronautique et technologies de l'information, biotechnologies et intelligence artificielle, etc.

Wole Soboyejo, professeur d'ingénierie mécanique et aérospatiale à l'université de Princeton pendant environ 17 ans, a déclaré que l'Afrique doit tirer profit de son immense potentiel. Il a estimé que les pays africains doivent s'inspirer de la percée des « dragons asiatiques » en augmentant les investissements dans l'éducation, la recherche et l'innovation. « La jeune population africaine, dont 80% a moins de 20 ans, doit être préparée à entrer dans la quatrième révolution industrielle », a indiqué le professeur Soboyejo.

Esther Akinlabi, professeure en génie mécanique et vice-chancelière adjointe pour la recherche à l'université de Northumbria à Newcastle (Royaume-Uni), qui travaille avec le Conseil pour la recherche scientifique et industrielle en Afrique du Sud, a déclaré : « Nous pouvons passer de la 1re à la 4e révolution industrielle en investissant dans des secteurs de pointe comme la robotique et le secteur biomanufacturier ».

Le professeur Jerry John Kponyo, doyen du Bureau de l'assurance qualité et de la planification de l'université des Sciences et technologies Kwame Nkrumah au Ghana, a présenté des projets innovants basés sur l'intelligence artificielle avec des applications qui permettent la détection et le traitement précoce des épizooties, ou en santé humaine, la détection et le traitement du cancer sans oublier l'assistance aux personnes à mobilité réduite.

Le professeur Gebisa Ejeta, généticien et agronome à l'université de Purdue dans l'Indiana aux États -Unis et Prix mondial de l'alimentation en 2009, a insisté sur la sécurité alimentaire des pays africains. Les conflits et les pandémies ainsi que l'inflation ont montré la précarité des systèmes alimentaires mondiaux. « Nous devons renforcer nos institutions et programmes de sécurité alimentaire et travailler sur une industrie semencière, qui, en utilisant les techniques de sélection génétique, est capable de fournir le continent en intrants », a-t-il argumenté.

Des applications novatrices d'énergie solaire ont été présentées avec l'exemple du village d'Impala au Kenya, doté d'un système d'éclairage à moindre coût - deux dollars sur douze mois -, et un système de distribution de vaccins alimenté par l'énergie solaire pour les cliniques médicales dans des communautés rurales, etc.

« La crise du Covid-19 a révélé éloquemment les lacunes du continent et ses immenses besoins en matière de technologies médicales et sanitaires », a relevé le professeur Wole.

Une feuille de route à mettre en oeuvre

La communauté scientifique en Afrique et dans la diaspora a trouvé lumineuse et brillante l'idée de l'institut, soulignant qu'il faut que les jeunes africains soient au coeur du processus ainsi que le secteur industriel pour éviter une inadéquation entre la production et l'environnement des affaires. L'institut permettra de fédérer les efforts du continent, de partager les défis et les obstacles, ont noté la plupart des intervenants.

Une fois identifiées les lacunes et faiblesses, il faudra passer à l'étape du dialogue politique de haut niveau, susciter l'adhésion des pouvoirs publics et ensuite, mettre en place un groupe de réflexion pour défendre ce processus et l'élaboration de programmes.

Pour la communauté scientifique africaine et de la diaspora, il faudrait lancer l'institut et le rendre opérationnel en commençant par la mise en place de son secrétariat et de son réseau, démarrer le développement des compétences dans des domaines où la demande est forte. Enfin, il faudrait mettre en place des accélérateurs qui faciliteront le passage des idées aux marchés et au développement durable.

La Banque africaine de développement s'est d'ores et déjà engagée à soutenir la mise en place d'une plateforme pour fédérer les contributions de tous les acteurs. Des pays « champions » prêts à participer et à héberger l'initiative seront identifiés.

La Banque a investi environ 24,7 millions de dollars dans trois instituts Nelson Mandela à travers le continent : l'Institut international d'ingénierie de l'eau et de l'environnement (2iE) de Ouagadougou (Burkina Faso), l'Université africaine des sciences et de la technologie d'Abuja (Nigeria) et l'Institut africain des sciences et de la technologie d'Arusha (Tanzanie).

Ce projet d'institut pour la science et la technologie est stratégique pour la transformation de l'Afrique.

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