Kenya: Grogne sociale - William Ruto est mal barré

Le président William Ruto a présenté le projet controversé de loi de finances du Kenya, un jour après que plus de 10 manifestants ont été abattus lors de manifestations dans les rues du Kenya.

La tension est montée de plusieurs crans au Kenya. C'est le moins que l'on puisse dire au regard des monstres manifestations que le pays a enregistrées depuis quelque temps.

En effet, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, est le projet de budget 2024-2025 prévoyant l'instauration de nouvelles taxes, dont une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers. Certes, face à la forte pression de la rue, le gouvernement avait déjà battu en retraite en annonçant, le 18 juin dernier, la suspension de certaines mesures jugées impopulaires.

Mais les manifestants, essentiellement composés de jeunes, y voient une manière de reculer pour mieux sauter, si fait qu'ils exigent le retrait pur et simple du texte dans son intégralité. Ils n'ont peut-être pas tort. Surtout quand on sait que les nouvelles taxes contestées sont jugées nécessaires pour redonner plus de marges de manoeuvre au gouvernement dont le pays, faut-il le rappeler, est lourdement endetté.

Autant dire que le président William Ruto est très mal barré ; tant il se retrouve pris entre le marteau de sa jeunesse qui ne veut plus se laisser conter fleurette et l'enclume de la réalité du pouvoir. A preuve, le Kenya, selon la Banque centrale, a enregistré, en mai dernier, une inflation de 5,1% en sus d'une hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, respectivement de 6,2% et 7,8%.

Le mieux serait de tendre la main aux manifestants

Du reste, on se rappelle que quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir, William Ruto avait fait face à une grogne sociale qui, n'ayant pas trouvé de réponses satisfaisantes, est en train de virer à un mouvement insurrectionnel. Sil ne veut donc pas se faire chasser de la State House tel un malpropre, il lui revient de faire montre d'entregent et de responsabilité.

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Car, en pareille situation, la répression est mauvaise conseillère et ne fera que grossir les rangs des croquants qui n'ont d'ailleurs qu'un seul slogan à la bouche : « Ruto must go » (Ruto doit partir). Cela dit, le mieux serait de tendre la main aux manifestants afin de leur proposer des solutions concrètes et durables. Il ne faut surtout pas faire des promesses qui, une fois la situation sous contrôle, ne seront pas tenues au risque de se tirer une balle dans le pied.

Il est d'autant plus important de le relever que les hommes politiques sont ainsi faits qu'ils aiment, surtout quand ils sont acculés, reporter les problèmes plutôt que de les résoudre, espérant ainsi avoir leur vis-à-vis à l'usure. En tout cas, une chose est sûre. La jeunesse d'aujourd'hui n'est plus la même que celle de l'époque, c'est-à-dire celle à qui on n'hésitait pas à faire prendre des vessies pour des lanternes.

Si fait que ne sont dans les bonnes grâces de la jeunesse consciente d'aujourd'hui, que les dirigeants qui font dans la transparence et qui ont pour boussole la bonne gouvernance. Willian Ruto est donc prévenu. De l'avenir de son régime dépendra le respect des engagements qu'il prendra auprès de sa jeunesse qu'il a invitée au dialogue.

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