Au Kenya, ce 25 juin est une journée de mobilisation historique : mobilisation contre le projet de loi de finances 2024, qui entre en troisième lecture aujourd'hui au Sénat. Des dizaines de milliers de Kényans sont descendus dans les rues des grandes villes du pays. À Nairobi, ils convergent depuis ce mardi matin dans le centre-ville. D'après Amnesty international, des violences ont éclaté et les policiers tirent à belles réelles.
Des violences commencent à être observées, ce 25 juin 2024, dans la capitale du Kenya. Dans l'hyper centre, pas très loin du Parlement et de la Cour suprême, des échauffourées entre la police et les manifestants ont eu lieu. Il y a eu des jets de pierre, et d'après Amnesty international, une réplique à balles réelles de la part des forces de l'ordre. Sur les réseaux sociaux, des vidéos circulent montrant des officiers qui transportent deux corps inanimés. Mais il est encore difficile pour le moment d'établir un bilan.
La manifestation était pourtant jusque-là assez pacifique, surtout compte tenu du nombre de manifestants.
Il y a depuis ce mardi matin des tirs de gaz lacrymogènes et l'usage de jets d'eau pour contenir la foule. Mais ça ne l'empêche pas de grossir.
Là où RFI s'est rendue, on continue d'observer des jeunes qui rejoignent par paquets la manifestation. C'est à travers des groupes WhatsApp qu'ils s'organisent, ou bien ils ont reçu des mots d'ordres via d'autres réseaux sociaux.
Tous ces jeunes sont inquiets pour leur avenir. Ils se plaignent du coût de la vie, du chômage, de l'inexistence des services publics. Au final, aujourd'hui, plus que le rejet de la loi de finances, ce que l'on entend dans les cortèges c'est « Ruto must go », « William Ruto doit partir ».
« Tout le système est corrompu ! »
Pancartes à la main, drapeau kényan sur les épaules, John, la vingtaine, rejoint le cortège qui se dirige vers la Cour suprême. Sur son t-shirt est écrit : « Rejetons la loi de finances. » Il lance : « Le gouvernement cherche à récupérer 300 milliards de shillings [environ 2,1 milliards d'euros, NDLR] de plus que l'année fiscale précédente. C'est tellement dur pour les Kényans. Notre économie est au plus bas. Les membres du Parlement, que nous avons élus, refusent d'écouter nos opinions. Alors nous sommes ici pour nous représenter. »
La semaine passée pourtant, les députés ont abandonné plusieurs taxes impopulaires comme celles sur le pain ou sur les transferts d'argent par téléphone. Mais pour Ostin, ce n'est pas suffisant : « Je ne suis pas satisfait parce que les gens vont souffrir. Et je pense aux villageois. Posséder un terrain signifie maintenant être taxé. C'est fou ! Je pense à ces filles qui ne peuvent pas se payer des serviettes hygiéniques. Je n'ai pas peur parce que je me bats pour mes droits. Je m'en fiche ! Je suis ici, ils peuvent venir me prendre ! »
Malgré les tirs de gaz lacrymogène, les rues continuent de se gonfler de monde. Des jeunes pour la plupart, comme Benedict, 22 ans, qui veut un changement de système : « Tout le système est corrompu ! La loi de finances n'est qu'un déclencheur. Les Kényans expriment leur mécontentement sur tout : l'augmentation des factures, le chômage, la corruption massive... Donc, de nos députés au président, tout le monde doit prendre ses responsabilités. »
Tant que le projet de loi n'est pas abandonné, les manifestants prévoient de poursuivre leur mobilisation.