Le premier tour de la présidentielle aura lieu le 6 octobre 2024 en Tunisie, pays où le chef d'État actuel, Kaïs Saïed, est accusé de dérive autoritaire. Alors que des partis d'opposition s'interrogent sur leur participation au scrutin et que des voix critiques sont en prison, ce 4 juillet 2024, l'instance en charge des élections a rappelé les conditions pour être candidats. Détails.
Mardi soir, le président de la Tunisie, Kaïs Saïed, a annoncé la tenue de l'élection présidentielle pour le 6 octobre 2024. Jeudi, l'Isie, l'instance en charge de l'organisation du scrutin, a précisé le calendrier de la campagne et notamment les critères pour être candidats. Des annonces scrutées de près par les observateurs.
Le chef de l'État est en effet accusé de dérive autoritaire depuis plusieurs années et les principales figures d'opposition sont actuellement en prison.
Les candidats ne peuvent plus être binationaux
La révolution électorale n'a donc pas eu lieu : les conditions pour être candidats varient très peu par rapport à la loi électorale précédente. La nouveauté, c'est que les candidats ne peuvent pas être binationaux : ils doivent abandonner leur autre nationalité pendant la campagne, et pas après leur éventuelle victoire. L'âge minimum a en outre été relevé de 35 à 40 ans. Et, comme auparavant, seuls les musulmans peuvent participer.
Concernant le système de parrainage, les candidats doivent obtenir les signatures de dix députés ou de dix représentants de la Chambre des régions et des districts, créée en 2022. Ils peuvent aussi se faire parrainer par 40 présidents de collectivités locales ou 10 000 citoyens.
Pas de restrictions liberticides en revanche pour empêcher les candidatures face au président sortant, comme le craignait l'opposition. Mahmoud el-Ouaer, membre de l'Instance électorale, a même rappelé que les politiciens en prison en attente de leur procès peuvent être candidats : « Les cas spécifiques doivent être traités dans le cadre de la loi et de la réglementation. On ne peut pas faire des conditions spécifiques à ces gens-là. Si la loi et la réglementation leur permettent de se porter candidat, il y a d'autres procédures qui protègent leurs droits, en tout cas. »
Le dépôt des candidatures se terminera le 6 août. La campagne électorale se déroulera du 14 septembre au 4 octobre.
Spécialiste de la Constitution, élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed a accru ses pouvoirs en juillet 2021 lorsqu'il a, après plusieurs mois de blocage politique, limogé le Premier ministre et gelé le Parlement avant de le dissoudre. Il a fait adopter une nouvelle Constitution par référendum à l'été 2022 instituant un nouveau système de deux chambres aux pouvoirs très limités : l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un Conseil national des régions et des districts. Cette révision constitutionnelle a fait passer la Tunisie d'un régime parlementaire à un système ultra-présidentialiste.