Burkina Faso: Liberté d'expression - L'UAS dénonce les sanctions répétées contre la presse

Dans un communiqué que nous vous proposons, l'Unité d'action syndicale a condamné « l'enlèvement du journaliste Atiana Serge Oulon et du chroniqueur Kalifara Séré, la suspension du journal l'Evénement et bien d'autres médias ».

Dans une déclaration rendue publique le 5 juillet 2024, l'Unité d'action syndicale (UAS) «condamne l'enlèvement de M. Atiana Serge Oulon, directeur de publication du journal L'Evénement, et du chroniqueur Kalifara Séré» et «invite les autorités politiques à cesser d'exploiter le contexte sécuritaire pour multiplier les violations répétées de la Constitution et des lois».

Ces derniers temps, les autorités du Burkina Faso et leurs soutiens ont encore pris des mesures qui viennent serrer encore plus la vis sur les libertés démocratiques et les droits des citoyens. Sont particulièrement visés la liberté de presse et le droit à l'information des citoyens. Ces mesures liberticides sont les suivantes :

- l'enlèvement, le 24 juin 2024 à 5h du matin et sans aucun mandat, du journaliste Atiana Serge Oulon, Directeur de publication du journal d'investigation L'Evénement alors qu'il devait se rendre au procès que son organe a intenté contre M. Adama Siguiré pour diffamation et injure ; cet enlèvement s'est curieusement accompagné de la confiscation de ses portables et de son ordinateur portable par des individus qui se sont présentés à son domicile comme des agents de l'Agence nationale de renseignement ;

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- la suspension le 20 juin 2024, pour un mois, de L'Evénement par le Conseil supérieur de la communication (CSC) ;

- la mise en demeure, le 19 juin 2024, du journal en ligne Lefaso.net, sommé de renforcer le dispositif de modération des commentaires sur ses plateformes par le CSC ;

- la suspension par le CSC, le 20 juin 2024 et pour deux semaines, de l'émission de grande écoute 7Infos de la télévision BF1 pour des raisons subjectives et malgré la reconnaissance du professionnalisme de l'animateur de l'émission ;

- l'enlèvement du chroniqueur de l'émission 7Infos de BF1, Kalifara Séré, suite à son audition par le CSC à propos de fausses informations qu'il a livrées au cours de l'émission 7Infos de la télévision BF1, cela malgré le mea culpa qu'il a présenté au cours de l'émission puis devant le CSC, et sa convocation par le Service régional de la police judiciaire de Ouagadougou ;

- le déferlement sur le siège de BF1 des soutiens au pouvoir appelés «wayiyans» en vue de proférer des menaces à l'organe de presse à propos de certaines de ses émissions et des personnes qu'il invite sur ses plateaux. Les soutiens du pouvoir ont clairement menacé de «sanctionner de la manière la plus sévère et rayer de la liste» les médias et les acteurs des réseaux sociaux « dont le message portera atteinte à la nation et à ses autorités» ;

- depuis le 29 juin 2024, les rumeurs font état de l'enlèvement d'Adama Bayala, un autre chroniqueur de l'émission Presse écho de la même télévision BF1. Le journaliste, par ailleurs président du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF), est porté disparu depuis le 28 juin 2024, selon une publication de sa structure sur sa page Facebook.

Juste avant ces dernières mesures, le CSC, l'instance de régulation des médias, avait annoncé la suspension pour six mois de TV5 monde, sommée par ailleurs de payer une amende de 50 millions de francs CFA.

Le constat que l'on fait, c'est que toutes les mesures répressives contre la presse et les citoyens prennent pour prétexte le contexte de guerre contre le terrorisme.

L'Unité d'action syndicale, attachée au respect des libertés individuelles et collectives en général, à la liberté de la presse et au droit à l'information des citoyens en particulier :

- dénonce les sanctions répétées contre la presse et qui réduisent chaque jour un peu plus l'espace de la liberté de presse dans notre pays ;

- dénonce et condamne l'enlèvement de M. Atiana Serge Oulon, directeur de publication du journal L'Evénement, et du chroniqueur Kalifara Séré ;

- invite les autorités politiques à cesser d'exploiter le contexte sécuritaire pour multiplier les violations répétées de la Constitution et des lois. Elle est convaincue que le bâillonnement de toute voix critique ne peut contribuer, ni à la victoire sur le terrorisme, ni au développement du pays ;

- exprime sa solidarité et ses encouragements au monde de la presse ;

- appelle ses militant(e)s et sympathisant(e)s, les démocrates, à dénoncer les atteintes à la liberté de presse et à soutenir le droit du public à l'information.

Ont signé :

Pour les centrales syndicales

Olivier Guy Ouédraogo

Pour les syndicats autonomes

Windyam Zongo

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