L'Assemblée nationale a un nouveau président depuis hier, en la personne de Justin Tokely, député élu à Sambava et ancien ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation. Le nouveau patron de Tsimbazaza a été élu à l'unanimité des députés.
Élu avec 100% des voix. Justin Tokely, député élu à Sambava, a été porté à l'unanimité par ses pairs à la présidence de l'Assemblée nationale. Cent soixante députés sur les cent soixante présents durant la séance plénière, hier, ont voté pour l'ancien ministre de l'Intérieur. Trois députés ayant été absents. Des absences excusées, selon les explications.
Pour la première fois dans l'histoire de l'Assemblée nationale, elle sera présidée par un administrateur civil. Avant de se hisser au perchoir de l'institution de Tsimbazaza, Justin Tokely a été d'abord gouverneur de la région Sava, puis promu ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation durant le premier quinquennat de Andry Rajoelina, président de la République.
À l'entame de ce second mandat du chef de l'État, il a été reconduit au ministère de l'Intérieur, alors délesté du département de la décentralisation. Un poste qu'il a occupé quelques mois avant de démissionner pour se porter candidat aux législatives dans le district de Sambava. Élu sous les couleurs de la coalition pour la majorité présidentielle ou "Isika rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina" (Irmar), l'ancien membre du gouvernement et son colistier ont été parmi les quelques candidats à ne pas avoir eu d'adversaire.
Le député de Sambava a également été l'unique candidat en lice pour l'élection du président de la Chambre basse, hier. Une information qui a circulé durant la journée d'hier indique que l'Irmar aurait procédé à une élection primaire pour choisir son candidat pour présider l'institution de Tsimbazaza. D'autres sources confient que le choix de Justin Tokely découle d'une concertation qui se serait tenue à l'Arena Ivandry, tout de suite après la séance plénière nocturne de mercredi.
La configuration de l'ensemble du bureau permanent de l'institution de Tsimbazaza, sauf pour le poste de vice-président destiné à l'opposition, aurait aussi été définie durant cette réunion à Ivandry. Pour la présidence de l'institution, sa loyauté à sa famille politique, son statut d'ancien ministre, mais aussi le fait qu'il incarne une figure pouvant faire consensus vis-à-vis des autres courants politiques à Tsimbazaza, aurait conduit au choix de Justin Tokely.
Climat d'apaisement
Pour la deuxième fois consécutive, un président de l'Assemblée nationale est élu par un plébiscite. L'ancienne patronne de l'institution de Tsimbazaza, Christine Razanamahasoa, a également été élue avec 100% des voix. Les contextes entre le début de la précédente législature et celle actuelle sont toutefois différents. En 2019, comme l'explique un élu contacté, "il y avait encore une certaine affinité entre les élus de la majorité et de l'opposition qui découlait du mouvement des soixante-treize députés".
Cette fois-ci, toutefois, l'ambiance est tout autre. La tension politique a été vive entre les tenants du pouvoir et l'opposition depuis l'élection présidentielle. Une ambiance à couteaux tirés qui s'est poursuivie jusqu'aux législatives. L'hostilité entre certains élus a été palpable durant la séance plénière d'adoption du règlement intérieur de l'institution de Tsimbazaza, mercredi. Ainsi, obtenir l'unanimité des votes des membres de l'Assemblée nationale n'a pas été gagné d'avance pour le président Justin Tokely.
D'entrée, le nouveau patron de la Chambre basse a mis l'accent sur son statut de "rassembleur". Lors de son premier discours au perchoir, il a mis l'accent sur le fait que "je suis le président de tous les députés sans distinction d'obédience politique. Il n'y aura pas de laissé-pour-compte. Je suis le garant de la liberté d'expression au sein de cette institution".
Après la séance plénière tendue de mercredi, la posture des élus a été tout autre, hier. "La majorité n'aurait pas eu du mal à hisser le député Justin Tokely au perchoir. L'opposition et les députés non affiliés ou encore certains indépendants n'auraient pu juste voter contre, ou s'abstenir de voter. Mais l'objectif est d'instaurer un climat d'apaisement au sein de l'institution", s'est chuchoté dans les travées de l'Assemblée nationale, hier.
Sur la lancée de l'élection du président, celles des autres membres du bureau permanent ont quasiment été des plébiscites également, malgré quelques votes blancs.
Le fait que le bureau permanent reflète un certain équilibre des forces politiques à Tsimbazaza est aussi respecté. Outre ceux issus de l'Irmar, il y a le chef de l'opposition parlementaire qui devient le 7e vice-président. Les deux groupes parlementaires composés d'indépendants obtiennent un siège de questeur et celui de rapporteur général adjoint.